Trente-quatre migrants, dont vingt enfants, sont morts la semaine dernière dans le désert nigérien en tentant de se rendre en Algérie voisine, devenue une destination privilégiée des migrants subsahariens.

« Trente-quatre personnes dont cinq hommes, neuf femmes et vingt enfants ont trouvé la mort dans leur tentative de traverser le désert », a indiqué le ministère nigérien de l’intérieur dans un communiqué transmis à l’AFP mercredi 15 juin. « Ils sont probablement morts de soif, comme c’est souvent le cas, et ils ont été retrouvés près d’Assamaka », un poste frontalier entre le Niger et l’Algérie, a confié à l’AFP une source sécuritaire.

L’Algérie, une destination privilégiée

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le Niger est l’un des « pivots » des routes migratoires « vers l’Union européenne » et « en particulier vers l’Italie » tandis que 60 % des migrants qui traversent la Libye pour rejoindre l’Europe par la Méditerranée centrale « sont passés par le Niger ».

Les migrants « ont été abandonnés par des passeurs » au cours « de la semaine du 6 au 12 juin », explique le communiqué. Seuls deux corps ont été « identifiés », ceux d’un Nigérian et d’une Nigérienne de 26 ans, précise le texte. Des milliers de migrants sont arrivés clandestinement ces dernières années en Algérie, principalement du Mali et du Niger, pays avec lesquels l’Algérie partage une frontière longue de 956 km.

L’Algérie est devenue une destination privilégiée pour les migrants subsahariens, supplantant la Libye, en proie au chaos. Ces derniers, qui s’installaient auparavant dans la grande ville saharienne de Tamanrasset ou traversaient l’Algérie pour tenter de rallier l’Europe, sont désormais nombreux à s’établir dans les grandes villes du nord du pays.

« Voie périlleuse »

Dans le communiqué, le ministère nigérien « attire l’attention des migrants clandestins » sur « les risques qu’ils courent en tentant » cette « voie périlleuse savamment entretenue par des réseaux de criminels ». Plus de 7 000 Nigériens en situation irrégulière en Algérie, dont une moitié de femmes et d’enfants, ont été reconduits vers leur pays en 2015 en vertu d’un accord entre Alger et Niamey.

Depuis que l’immense afflux de migrants venant de la Turquie s’est tari, avec un fragile accord entre l’Union européenne (UE) et Ankara conclu en mars, la route maritime depuis l’Afrique est redevenue la principale porte d’entrée clandestine en Europe, toujours aussi dangereuse.

La Commission européenne a présenté la semaine dernière un plan aux pays africains, mélangeant incitations positives et négatives pour freiner l’afflux de migrants par la Méditerranée. Le plan propose de diriger 8 milliards d’euros d’ici 2020, en provenance de fonds déjà en place pour l’aide au développement, vers les pays d’origine qui acceptent d’endiguer l’afflux de candidats à la traversée. Pour les pays refusant de coopérer, la Commission a fait planer la menace de « conséquences » sur le plan commercial.

Les détails du plan, qui devra encore être approuvé par les Etats membres, seront exposés à l’automne. Toutes ces propositions préparent le terrain avant un sommet des Etats membres de l’UE prévu les 28 et 29 juin à Bruxelles, lors duquel sont attendues de nouvelles décisions face à la crise migratoire.