L’« Harmony of the Seas » avant son départ des chantiers de Saint-Nazaire, le 12 mai. | STEPHANE MAHE / REUTERS

« Les commandes tombent les unes derrière les autres ! » Les salariés et les dirigeants du chantier naval STX France de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) se frottent les mains, de même que les responsables de l’Etat, actionnaire de l’entreprise. Le principal chantier naval français a signé, mercredi 25 mai, une lettre d’intention pour la construction de trois nouveaux paquebots. Une méga commande d’environ 2,5 milliards d’euros, qui garantit davantage encore l’avenir de ce site historique, menacé de fermeture il y a encore quatre ou cinq ans.

La lettre d’intention, dévoilée mercredi soir, émane de Royal Caribbean Cruises, le numéro deux mondial des croisières, dont le siège opérationnel est à Miami et le siège fiscal au Liberia. Treize jours après avoir pris livraison à Saint-Nazaire du plus gros paquebot du monde, le Harmony of the Seas, Royal Caribbean a décidé d’acheter trois navires supplémentaires. Le premier est un nouveau paquebot géant, identique au Harmony of the Seas, qui serait livré au printemps 2021. Les deux autres seraient un peu plus petits, des paquebots de la classe « Edge », de 300 mètres de long au lieu de 362 mètres. Royal Caribbean souhaite les obtenir à l’automne 2021 et à l’automne 2022.

Les chantiers pourraient se retrouver en surchauffe

Au total, sous réserve que ces lettres d’intention se confirment, ces trois navires représenteront « 22 à 23 millions d’heures de travail », a annoncé Laurent Castaing, le directeur général de STX France. « C’est une nouvelle formidable. C’est pour nous la concrétisation de la confiance d’un client alors même que nous venons de lui livrer un paquebot qui n’était pas facile à réaliser », s’est-il réjoui.

Ces trois paquebots supplémentaires portent à neuf le nombre de navires commandés à STX France depuis le début de l’année, après les contrats passés en février et en avril par l’armateur italo-suisse MSC, le principal client des ex-Chantiers de l’Atlantique. Avec cinq autres paquebots déjà inscrits au carnet de commandes, celui-ci « est très plein jusqu’à 2023 et plein jusqu’à 2026 », a indiqué Laurent Castaing.

Les chantiers, qui manquaient cruellement d’activité il y a quelques années, pourraient ainsi de se retrouver en surchauffe, avec des capacités insuffisantes. STX France envisage d’ailleurs de sous-traiter la fabrication de certains blocs de tôlerie à d’autres chantiers en Europe.

Parallèlement, l’entreprise recrute. Le chantier, qui emploie 2 600 salariés et fait travailler environ 5 000 sous-traitants sur son site, embauche 150 à 200 personnes par an. Son directeur général promet de « continuer en 2016 et 2017 pratiquement sur le même rythme ».

Un renversement de situation dû en partie aux efforts réalisés par les chantiers pour redresser leur compétitivité, grâce à des investissements, à un accord de réduction du coût du travail conclu avec le personnel, et au soutien de l’Etat à travers l’assurance-crédit. Saint-Nazaire a ainsi pu profiter à plein de l’essor du marché des croisières.

La France n’est toutefois pas seule à bénéficier de ce retournement. « Aujourd’hui, tous les chantiers européens sont pleins pour des années », constate Herbert Carmigchelt, chez le courtier BRS. Racheté en 2008 au Norvégien Aker Yards, STX France est détenu à 66,6 % par le coréen STX et à 33,3 % par l’État français.