Myriam El Khomri, ministre du travail, participe au premier jour d'examen du projet de loi travail au Sénat à Paris, lundi 13 juin 2016. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/ FRENCH-POLITICS POUR « LE MONDE »

Une rencontre tendue, c’est ce qui attend probablement le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, et la ministre du travail, Myriam El Khomri, qui doivent se retrouver vendredi 17 juin au matin pour discuter du projet de loi travail, objet d’une forte contestation sociale depuis trois mois.

Au journal télévisé de France 2 mercredi, Philippe Martinez avait demandé la suspension du débat parlementaire sur le projet de loi travail, appelant le gouvernement à plus d’écoute, au lendemain d’une des plus importantes manifestations contre le projet de loi.

Mais le secrétaire général de la CGT s’est heurté, jeudi, à une fin de non-recevoir de la ministre :

« Récemment M. Martinez a dit qu’il ne faisait plus un préalable du retrait à cette loi et qu’il avait des propositions. En même temps, il demande la suspension du débat parlementaire en cours et le retrait des cinq articles les plus importants de cette loi ; ce qui n’est bien évidemment pas acceptable, ni pour le gouvernement, ni d’ailleurs pour le Parlement. Philippe Martinez le sait parfaitement. »

Trouver un compromis sur l’article 2

Myriam El Khomri a insisté sur le fait qu’il n’était « pas question (…) de rouvrir une négociation sur la loi travail » alors qu’elle la défendait actuellement « face à la droite qui, au Sénat, est en train de donner libre cours au libéralisme qui devrait plutôt inquiéter l’ensemble des organisations syndicales ».

Mercredi, après la menace de l’exécutif de ne pas autoriser les prochaines manifestations. Philippe Martinez a annoncé le maintien des journées d’action prévues les 23 et 28 juin, assurant par ailleurs avoir pris « les dispositions nécessaires afin de garantir la sécurité des participants à cette manifestation massive » du 14 juin.

Quelle issue pour la crise ? Le député de Saône-et-Loire Christophe Sirugue (Parti socialiste), par ailleurs rapporteur de la loi, multiplie les rencontres avec le gouvernement et les syndicats, alors que les négociations achoppent sur l’article 2 du texte, qui consacre la primauté des accords d’entreprise sur les accords de branche en matière de temps de travail.

Invité sur La Chaîne parlementaire (LCP), mercredi, M. Sirugue a jugé qu’il était difficile de toucher à l’article 2, tant sa « place de symbole » est importante, mais il a rappelé qu’il existait « d’autres articles qui parlent des branches professionnelles ». Des passages du texte qui, une fois amendés, pourraient déboucher sur un compromis, et sortir le pays de la crise actuelle.