Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, à Fougères, le 31 mai. | DAMIEN MEYER / AFP

Philippe Martinez a accusé, mercredi 1er juin, le gouvernement de refuser le dialogue sur le projet de loi El Khomri. « Le gouvernement dit : “le dialogue est possible, ma porte est ouverte…” Pour l’instant, elle est ouverte, mais on ne peut pas rentrer, c’est ça la réalité », a contre-attaqué le leader de la CGT, invité de l’émission « Questions d’info » sur LCP en partenariat avec Le Monde, France Info et l’AFP.

Mardi, la ministre du travail, Myriam El Khomri, avait dénoncé « la politique de la chaise vide » de la CGT, l’exhortant à faire « des propositions ». Le leader cégétiste a rappelé qu’il avait récemment cosigné, notamment avec FO, un courrier au président de la République, pour lui demander audience. « Je sais que François Hollande est très occupé, il fait beaucoup de déplacements, mais nous n’avons pas de réponse », a-t-il déploré, tout en assurant qu’il était « toujours temps de discuter ».

Depuis lundi soir, une évolution notable s’est produite à la CGT : Philippe Martinez ne fait plus du retrait du projet de loi un préalable mais, mardi, le premier ministre, Manuel Valls, s’est montré très ferme, en rappelant qu’il n’était pas question pour le gouvernement de reculer sur l’article 2 qui porte sur la négociation en entreprise et cristallise les tensions.

A neuf jours de l’Euro de football, une grève illimitée a été votée à la SNCF. Philippe Martinez s’est défendu de vouloir perturber la compétition. « Il n’est pas question de bloquer l’Euro », a-t-il assuré, en prenant de nouveau à partie Manuel Valls : « Si le gouvernement, demain, dit : “on discute”, il n’y a plus de grève. Que chacun prenne ses responsabilités. »

Le responsable syndical a une nouvelle fois fortement réagi aux propos de Pierre Gattaz, le patron du Medef, qui avait qualifié de « terroristes » les militants CGT. « Terroriste, dans ce pays, dans le climat actuel, l’année que nous venons de vivre, c’est une insulte », s’est-il insurgé. Dans la matinée, Pierre Gattaz est revenu sur l’utilisation de ce terme, condamné à la fois par le gouvernement et la CFDT. « Ce mot a été mal compris et peut choquer, notamment les personnes qui ont été touchées par les événements récents qui ont endeuillé notre pays », a déclaré le président du Medef dans un communiqué, tout en ajoutant : « Les méthodes de voyous employées par la CGT doivent cesser. »

Aux socialistes qui reprochent à la CGT de favoriser la droite en menant la bataille contre le projet de loi, Philippe Martinez a riposté : « C’est toujours facile de renvoyer la balle dans la cour du voisin », et raillé la « vieille rengaine » du « au secours, la droite revient ». Il a précisé que la CGT serait présente ce week-end au congrès du PCF, à l’invitation de ce dernier.

Faire barrage au FN comme seule consigne de vote

Se défendant d’être entré en guerre contre François Hollande, Philippe Martinez a indiqué qu’« à titre personnel », la seule consigne de vote qu’il donnerait en 2017 serait « de faire barrage au Front national ». « Il faut qu’on en discute dans l’organisation, mais moi, à titre personnel, je serais favorable à ce qu’on le fasse. »

Le leader de la CGT a salué l’initiative d’Anne Hidalgo, la maire de Paris, d’ouvrir dans le nord de la capitale un camp d’accueil pour les migrants. « L’immigration a toujours été une richesse pour notre pays. Donc il faut continuer dans cette logique-là, dans cette démarche-là », a-t-il déclaré.

Il a en revanche ironisé à propos du ministre de l’économie, Emmanuel Macron, qui, selon Le Canard enchaîné et Médiapart, serait contraint de payer rétroactivement l’ISF après une réévaluation de son patrimoine. « Si les informations sont avérées, c’est grave, parce que c’est quelqu’un qui fait la leçon à tout le monde. Quand on est ministre, il faut être humble et s’intéresser à la vraie vie », a-t-il ajouté.