Pour la presse américaine,  la victoire de Hillary Clinton est « une étape historique pour les femmes et les Etats-Unis ». | DARCY PADILLA/ AGENCE VU POUR LE MONDE

Pour la presse américaine, la nouvelle la plus importante de la soirée du 7 juin est, naturellement, la victoire de Hillary Clinton dans les primaires démocrates. C’est « une étape historique pour les femmes et les Etats-Unis », même si Bernie Sanders feint de l’ignorer, note le New York Times. Le quotidien rapporte que le sénateur du Vermont a continué à dérouler son programme, à Santa Monica, comme si de rien n’était, ignorant la dimension inédite de la victoire de sa concurrente. Le site Politico ne dit pas autre chose : « Hillary Clinton est la première femme à remporter l’investiture de l’un des principaux partis. »

Bernie Sanders a montré qu’il n’était pas prêt à abandonner, ajoute le NYT, indiquant qu’il allait continuer sa campagne, se battre pour remporter le Distict of Columbia (Washington D.C.), et poursuivre son combat pour plus de justice sociale, économique, raciale et environnementale, lors de la convention démocrate, à Philadelphie. D’ailleurs, un meeting du candidat est organisé jeudi à Washington, tandis que Hillary Clinton s’est déjà projetée dans l’après « primaires » : elle compte se rendre dans l’Ohio et la Pennsylvanie, la semaine prochaine.

Politico relève que la candidate a embrayé sur la suite de sa campagne en lançant un site Web destiné aux républicains, que Donald Trump révulse.

Victoire incontestable face à Sanders

Pour le Washington Post, la victoire de Hillary Clinton vient de lever une hypothèque sur le reste de sa campagne : elle a battu Bernie Sanders avec 13 points d’avance en Californie (sans oublier les 26 points d’avance dans le New Jersey).

Selon le quotidien, Sanders a reconnu que la tâche serait ardue. Surtout, un de ses assistants a indiqué que le candidat allait procéder au licenciement d’une grande partie de son équipe de campagne. Il devrait rencontrer, jeudi, le président Obama, qui devrait lui faire entendre raison. Politico précise qu’en outre, il rencontrera Harry Reid, le chef de la minorité démocrate au Sénat.

Le Washington Post résume la course chez les démocrates : Hillary Clinton a vaincu ; et même sans les superdélégués, elle aurait remporté la primaire. Et de préciser : la candidate a remporté les primaires dans les Etats importants, avec de nombreux délégués à la clé, tandis que Bernie Sanders a remporté les caucus désignant peu de délégués à la convention. Le New York Times indique que les lignes n’ont pas fondamentalement bougé entre les deux candidats : l’électorat féminin, âgé et « non WASP » a soutenu la candidate, tandis que Bernie Sanders a été soutenu par les électeurs blancs, ruraux et jeunes.

Le vrai défi pour la candidate sera maintenant d’emporter l’enthousiasme des jeunes électeurs, dont une majorité se définit comme « indépendante », relève le NYT. La candidate devra aussi apprendre à répondre de ses actes, au lieu de tenter d’éviter les questions gênantes, comme elle le fait sur les discours payés des centaines de milliers de dollars par des firmes de Wall Street ou sur la messagerie privée utilisée au département d’Etat qui lui vaut une enquête du FBI.

La place de Sanders dans l’élection de 2016

L’agence Reuters constate néanmoins que le sénateur du Vermont a imposé dans l’agenda des démocrates des points essentiels : la remise en cause du rôle de l’argent dans les campagnes politiques ou la lutte contre les inégalités. Il est aussi parvenu à imposer dans l’équipe qui écrira le programme des démocrates pour l’élection du 8 novembre certains de ses partisans.

Si les démocrates parviennent à reprendre le Sénat en novembre, Bernie Sanders pourrait accéder à la tête d’un des principaux comités à dimension sociale (budget, santé, éducation, etc.).

Le New York Times ajoute encore que Bernie Sanders, une fois qu’il aura ravalé sa déception de ne pas avoir emporté l’adhésion des électeurs démocrates, pourrait devenir un atout important dans la campagne de cet automne, attaquant frontalement Donald Trump sur le fonds de commerce de son programme, à savoir le sectarisme, l’intolérance…

Donald Trump affaibli par ses foucades

De son côté, Donald Trump aborde la deuxième partie de la campagne en position inconfortable : il a subi un déluge de critique de la part de son camp et va cesser d’évoquer le juge Curiel. Il affirme que ses propos, qui ont été taxés de racisme, ont été mal interprétés, mais ne présente pas pour autant d’excuses. Cette nouvelle approche du candidat fait suite à l’annonce par le sénateur Mark Kirk (de l’Illinois) qu’il renonçait à soutenir Donald Trump. Le Washington Post constate que le candidat a donné un discours de victoire plus acceptable par les républicains et destiné à attirer les électeurs de Bernie Sanders.

Les électeurs campent sur leurs positions

Le National Journal relève que la perspective d’une élection opposant deux des candidats les moins populaires de l’histoire moderne ne pousse pas pour autant les électeurs à se tourner vers une alternative. Au contraire, cette perspective renforce les liens entre les électeurs et le parti dont ils se sentent proche : témoin, les atermoiements du président de la Chambre des représentants Paul Ryan, qui a déclaré à propos des déclarations de Donald Trump : « C’est par définition un commentaire raciste », sans renier son soutien au milliardaire, s’employant au contraire à présenter sa candidature comme positive pour le GOP.