« Roger Federer et Gaël Monfils forfaits pour Roland-Garros… c’est un peu comme la Ligue des champions sans le Barça et le Real… », pouvait-on entendre, vendredi 20 mai, parmi certains (télé) spectateurs du Grand Chelem parisien. Une réaction un poil exagérée. Oui, Roland-Garros 2016 présente tout de même un intérêt. Pourquoi ? Parce que Djokovic. Parce que Nadal. Parce que Serena Williams. Et parce que Lucas Pouille. Passage en revue des principaux enjeux de cette édition.

Novak Djokovic . | PHILIPPE LOPEZ / AFP

  • La fin de la malédiction pour Djokovic ?

Novak Djokovic remportera-t-il enfin Roland-Garros ? C’est LA grande question qui turlupine le microcosme tennistique depuis le début de la saison. Après trois échecs en finale sur la terre battue parisienne (2012, 2014 et 2015), le numéro un mondial, qui domine le circuit depuis cinq ans, tentera une nouvelle fois de remporter le dernier trophée du Grand Chelem qui manque à son palmarès.

L’an dernier, le Serbe, pourtant drapé du costume de grandissime favori, avait été terrassé sur la dernière marche (4-6, 6-4, 6-3, 6-4) par un Stan Wawrinka sans complexe, plus entreprenant et manifestement moins nerveux. Le Suisse avait reconnu avoir joué, ce jour-là, « le match de [sa] vie ».

S. Wawrinka v. N. Djokovic 2015 French Open Men's Highlights / Final
Durée : 03:52

Depuis le début de la saison sur terre, le numéro un mondial se montre un peu moins époustouflant que l’an passé à son arrivée porte d’Auteuil. Djokovic a, certes, remporté le Masters 1000 de Madrid, mais il a été éliminé d’entrée de jeu à Monte-Carlo et a connu quelques sérieuses alertes à Rome, battu en finale par Andy Murray. Avec cette victoire, le Britannique, déjà finaliste à Madrid, se pose comme un sérieux prétendant au titre.

Rafael Nadal. | PHILIPPE LOPEZ / AFP

  • Enfin la « decima » pour Rafael Nadal ?

Si, l’an dernier, l’Espagnol n’avait pas les moyens physiques ni mentaux pour rivaliser, balayé en trois sets par Djokovic en quarts de finale (7-5, 6-3, 6-1), il a cette fois convaincu à Monte-Carlo en retrouvant sa longueur de balle et l’efficacité de son coup droit, un peu moins à Madrid (défait en demi-finale par Murray), mais l’Espagnol n’est pas passé loin de franchir l’obstacle Djokovic à Rome. Tête de série no 4 du tournoi grâce au forfait de Roger Federer, lui évitant une confrontation prématurée avec le Serbe, qu’il pourrait retrouver en demi-finale, il pourrait venir contrecarrer les desseins du numéro un mondial.

Serena Williams. | David Vincent / AP

  • Serena Williams rejoindra-t-elle Steffi Graf ?

Chez les dames, le principal enjeu tournera aussi autour de la numéro un mondiale. Pour sa quinzième participation à Roland-Garros, Serena Williams, 34 ans, cherchera à égaler le record de l’Allemande Steffi Graf et ses vingt-deux titres en Grand Chelem. L’an passé, l’Américaine avait disputé une partie du tournoi grippée, ce qui ne l’avait pas empêchée de s’y imposer pour la troisième fois.

Ces derniers mois, ses absences répétées pour maladie ont fait naître quelques doutes chez la cadette des sœurs Williams. Mais Serena, qui n’avait plus conquis de titre depuis neuf mois et sa victoire à Cincinnati, en août 2015, a recouvré tous ses moyens à Rome, où elle s’est imposée la semaine dernière. Son parcours, sans concéder le moindre set, a prouvé qu’il faudra encore compter sur elle à Paris. D’autant qu’en l’absence de Maria Sharapova, suspendue pour dopage, rares sont ses rivales en mesure de contrarier sa suprématie dans le circuit féminin.

Pour cette 115e édition, il faudra tout de même garder un œil sur Simona Halep, victorieuse à Madrid et finaliste porte d’Auteuil en 2014, Angelique Kerber (sacrée sur la terre battue de Stuttgart) et Garbine Muguruza (demi-finaliste à Rome). Jusqu’à présent, l’Espagnole, quatrième à la WTA, n’a jamais réussi à dépasser les quarts de finale, battue à ce stade l’an passé par la Tchèque Lucie Safarova, elle aussi à surveiller.

Lucas Pouille. | TIZIANA FABI / AFP

  • Lucas Pouille confirmera-t-il son bon début de saison ?

Avec le forfait de dernière minute de Gaël Monfils, à quelques heures du tirage au sort, victime d’une infection virale, la France a perdu l’un de ses principaux atouts dans le tournoi, lui qui a déjà atteint les demi-finales et par trois fois les quarts de finale du Grand Chelem qui lui réussit le plus. Monfils out, les espoirs se reportent sur Jo-Wilfried Tsonga, qui a cependant hérité d’un tirage plutôt corsé : le n° 7 mondial pourrait retrouver Nadal en quarts, et s’il franchit l’obstacle espagnol, Djokovic en demies.

Mais depuis le début de la saison, côté tricolores, ce ne sont ni Tsonga, ni Paire, encore moins Gasquet ou Simon qui font parler le plus d’eux… Le « futur numéro un français », dixit Richard Gasquet, se nomme Lucas Pouille, qui a battu son aîné en huitièmes de finale à Monte-Carlo. Avec plusieurs victoires convaincantes depuis mars contre des membres du Top 10, le joueur de 22 ans a enchaîné par une finale à Bucarest et un parcours surprenant à Rome. Eliminé au dernier tour des qualifications, puis repêché comme lucky loser, il a ensuite battu Gulbis et Ferrer, et s’est retrouvé propulsé en demi-finale du tournoi grâce au forfait de Juan Monaco.

Malgré sa défaite contre Andy Murray, le nouveau 31e mondial, son meilleur classement, a bien l’intention de confirmer sa progression. Le tirage au sort lui a d’entrée réservé un choc franco-français, puisqu’il affrontera au premier tour son compatriote Julien Benneteau (le tableau masculin complet).

  • Le public survivra-t-il à la disparition du court no 7 ?

Les travaux de modernisation du stade ont entraîné quelques aménagements dans les allées de Roland-Garros, réservant quelques mauvaises surprises aux spectateurs. Le principal désagrément est assurément la disparition du court no 7, plus connu sous le nom de « court des miracles », qui a été rasé sans aucun état d’âme. Ses voisins n° 9 et n° 11 ont subi le même sort, laissant place à des espaces de restauration au cachet… beaucoup plus grossier.

Cette année, le public n’aura d’ailleurs pas tellement l’occasion d’admirer les joueurs à l’entraînement, puisque ceux-ci prépareront essentiellement leurs matchs sur les neuf courts de Jean-Bouin, en face de la piscine Molitor. Pendant toute la durée du tournoi, le site sera le principal camp de base de Roland-Garros. Avis aux spectateurs : hormis le Central, le Suzanne-Lenglen et le n° 1, un seul court sera dévolu aux entraînements des joueurs. Il s’agit du n° 13. Inutile de préciser que là plus qu’ailleurs les places seront chères.

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