« Supprime ton compte. » Le tweet cinglant – et gamin – d’Hillary Clinton (ou tout du moins de l’équipe qui gère son compte, puisqu’il n’est pas signé du « H. » caractérisant ses messages personnels) à son rival républicain Donald Trump, sur Twitter, jeudi 9 juin, a donné le ton de la confrontation entre les deux vainqueurs des primaires américaines : et elle ne sera pas cordiale. Huit heures après sa publication, le tweet avait déjà été retweeté plus de 320 000 fois et « liké » plus de 380 000 fois.

Le sujet de l’ire de la désormais future candidate démocrate à la Maison Blanche, après sa victoire aux primaires du mardi 7 juin ? Un tweet du magnat de l’immobilier, qui réagit à la vidéo de soutien du président américain Barack Obama à son ancienne secrétaire d’Etat : « Obama vient de se rallier à Hillary la malhonnête. Il veut quatre années de plus, mais personne d’autre n’en veut ! »

« Hillary la malhonnête » (« Crooked Hillary »), c’est le surnom dont le milliardaire affuble systématiquement son adversaire depuis quelques semaines. L’homme est familier de la méthode. Ses rivaux républicains en ont fait les frais, de « Lyin’» Ted Cruz (« le menteur ») à « Little » Marco Rubio (« le petit »). Tout comme ce roi de Twitter est habitué des « tweet-clashs ». En mars, il s’en était pris à la femme de Ted Cruz :

« Ted Cruz le menteur vient juste d’utiliser une photo de Melania [Trump, sa femme] issue d’une séance photo dans sa pub. Fais attention, Ted le menteur, ou je vais tout révéler [littéralement : de renverser les haricots] sur ta femme ! »

« Dégage ! »

Mais cette fois, donc, Hillary Clinton et son équipe ont décidé de répliquer coup pour coup. Et en adoptant les usages du réseau social, où l’expression « Delete your account » est devenue le synonyme de « Va te faire voir ! », ou encore « Dégage ! ». Ainsi en février, le lanceur d’alerte Edward Snowden, après que l’éphémère prétendant républicain Jeb Bush a tweeté une photo d’un pistolet sur lequel était gravé « Gouverneur Jeb Bush » et « America » :

Comment Trump (plus de 8,8 millions d’abonnés), pouvait-il répondre à Clinton (plus de 6,7 millions d’abonnés) ? Pour une fois, il a attendu, et il a même été doublé par le patron du Parti républicain, Reince Priebus, qui a utilisé l’« affaire des e-mails », qui pourrit la campagne de la candidate (elle est accusée d’avoir hébergé sur son propre serveur des messages classés secret défense, alors qu’elle était secrétaire d’Etat, puis de les avoir supprimés) :

« Si quelqu’un sait comment utiliser la touche effacer, c’est bien vous. »

Le candidat a juste rajouté une petite vanne, puis a repris, quelques dizaines de minutes plus tard, la rhétorique de Reince Priebus :

« Combien de temps les 823 personnes de votre équipe ont-elles mis pour trouver ça ? Et où sont les 33 000 messages que vous avez effacés ? »

Résultat : moitié moins de retweets et de « like »… La première « guerre » ou « bagarre » (selon les mots des médias américains) des deux candidats sur Twitter semble s’achever sur une victoire de la démocrate.

« La campagne la plus putain de bizarre de tous les temps »

Barack Obama, qui, invité de l’émission de divertissement « The Tonight Show », jeudi soir, a rappelé à Donald Trump qu’être président des Etats-Unis, c’est « une tâche sérieuse », et que « ce n’est pas de la téléréalité », est peut-être encore un peu optimiste en évoquant ce genre télévisuel. Laissons donc le tweet de la fin à un producteur de téléréalité, justement. Elan Gale (« The Bachelor », « The Bachelorette ») a renvoyé les deux candidats dos à dos : « Une chose est sûre. C’est la campagne électorale la plus putain de bizarre de tous les temps. »