Dans un bureau de vote à Lima, au Pérou, le 5 juin. | Martin Mejia / AP

Keiko Fujimori, la fille de l’ex-chef de l’Etat Alberto Fujimori, emprisonné pour crime contre l’humanité, et Pedro Pablo Kuczynski étaient au coude-à-coude dimanche 5 juin à l’issue du second tour de la présidentielle au Pérou, selon des sondages de sortie des urnes. Tous deux espèrent succéder au président de gauche Ollanta Humala, au pouvoir depuis 2011.

M. Kuczynski, un ancien banquier de Wall Street de 77 ans (centre-droit) devançait légèrement la candidate de droite de 41 ans, selon deux sondages sur trois. L’institut Ipsos le créditait de 50,4 % des voix, contre 49,6 % pour Mme Fujimori. Selon l’enquête Gfk, M. Kuczunski obtenait 51,2 % des votes contre 48,8 % à sa rivale. En revanche, l’institut CPI plaçait Mme Fujimori légèrement en tête, avec 51,1 % des voix, devant M. Kuczynski (48,9 %). Les premiers résultats officiels sont attendus dans la nuit.

Derrière la candidate Keiko Fujimori plane l’ombre d’Alberto, son père aujourd’hui âgé de 77 ans, ex-président du Pérou (1990-2000) qui a laissé le souvenir d’un homme à la poigne de fer face à la guérilla du Sentier lumineux (communiste), au coeur d’un conflit interne ayant fait 70 000 morts ou disparus. Seize ans après sa démission, Fujimori, qui purge une peine de 25 ans pour corruption et crime contre l’humanité, continue de diviser le pays.

Après avoir fait la course en tête des sondages, Keiko Fujimori, 41 ans, candidate pour le parti Fuerza Popular, a été rattrapée ces derniers jours par son rival, surnommé PPK. Les deux candidats ont des profils similaires : descendants d’immigrants, pro-marchés et éduqués dans des universités américaines.

Une campagne centrée sur l’insécurité

Au premier tour le 10 avril, Mme Fujimori avait raflé 39 % des suffrages contre 21 % pour M. Kuczynski. Mais depuis, ce dernier a bénéficié des votes « anti-fujimorisme ». Veronika Mendoza, parlementaire de gauche arrivée troisième (18,74 %) au premier tour, a apporté à l’ex-banquier son soutien, pendant que des milliers de Péruviens manifestaient pour dire « non à Keiko ».

La campagne a été émaillée d’accusations de corruption, de blanchiment d’argent et de trafic de drogue dans le camp Fujimori. Tout en prenant ses distances avec son père, Keiko Fujimori mise sur un ambitieux plan sécuritaire digne de ce dernier, incluant l’isolement des détenus les plus dangereux dans des prisons en altitude.

Elle répond ainsi à la première préoccupation des Péruviens, dans ce pays miné par la violence du crime organisé, tout en séduisant les classes rurales et pauvres. Et M. Kuczynski a lui aussi fait campagne sur la sécurité. « Votez avec joie et pensez à la démocratie et au dialogue, les seules choses qui peuvent nous sauver de la corruption, du narcotrafic et des inquiétudes », a-t-il déclaré dimanche.

Le pays, un des premiers producteurs au monde de cocaïne, est aussi confronté au ralentissement économique, à la pauvreté endémique et aux conflits sociaux dans l’activité minière, centrale au Pérou.