François Hollande à l’Elysée, lors de la visite de son homologue péruvien, Ollanta Humala (au fond), le 31 mai. | POOL / REUTERS

François Hollande qui n’en finit pas de baisser, Alain Juppé qui continue de surnager, Nicolas Sarkozy se stabilise et Marine Le Pen qui se consolide : à dix mois de l’élection présidentielle, tels sont les principaux enseignements de la quatrième vague de l’enquête entreprise par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), en collaboration avec Le Monde et réalisée par Ipsos-Sopra Steria. Cette enquête, commencée en novembre 2015 et prévue jusqu’en juin 2017, repose sur l’interrogation régulière d’un très large échantillon : pour cette quatrième vague, effectuée du 13 au 22 mai, 19 455 personnes ont été interrogées.

Lire aussi la vague précédente de l’enquête : Les Français rejettent en bloc Hollande et Sarkozy
  • Hollande éliminé au premier tour

Malgré le « ça va mieux » répété depuis quelques semaines par le chef de l’Etat, le discrédit qui frappe celui-ci continue de s’amplifier. Parmi les électeurs interrogés, ceux qui se disent « pas du tout satisfaits » de lui sont désormais 53 % (contre 43 % lors de la troisième vague, réalisée du 11 au 20 mars), ce qui tire encore vers le bas le taux de satisfaction moyen à son égard. Sur une échelle de 0 à 10, la « note » de M. Hollande est ainsi descendue à 2,1 (contre 3,4 en novembre 2015 ; 2,8 en janvier ; 2,5 en mars).

Cette très forte impopularité se répercute sur les intentions de vote. De janvier à mars, le chef de l’Etat avait régressé de 4 points chez les personnes certaines d’aller voter à la présidentielle. Dans l’hypothèse où M. Sarkozy serait le candidat de la droite, il ne recueillait plus que 16 % des suffrages. Cette fois, il perd encore deux points, à 14 %, et se trouve talonné par François Bayrou (stable à 13 %) ainsi que par Jean-Luc Mélenchon (12 %, +1). Dans l’hypothèse d’une candidature de M. Juppé, M. Hollande obtiendrait le même score (14 %, -1 point par rapport à mars). À ce stade, le président est très loin de pouvoir disputer la qualification pour le second tour : il accuse 14 points de retard sur Mme Le Pen, qui est créditée de 28 % des intentions de vote quel que soit le candidat du parti Les Républicains (LR).

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  • A droite, Juppé toujours loin devant Sarkozy

Sur les 1 134 certaines personnes de l’échantillon qui se disent certaines d’aller voter le 20 novembre au premier tour de la primaire de la droite, M. Sarkozy est aujourd’hui distancé de quatorze points par M. Juppé. Par rapport à la précédente vague de l’enquête, en mars, leurs scores respectifs n’ont quasiment pas bougé : l’ancien chef de l’Etat gagne un point quand le maire de Bordeaux en perd un chez les personnes sûres de voter. Résultat : en deux mois, l’écart entre eux ne s’est resserré que de deux points.

Par ailleurs, M. Sarkozy continue de décrocher auprès des sympathisants LR. Parmi eux, seuls 36 % se disent prêts à voter en sa faveur au premier tour de la primaire, alors qu’ils étaient 42 % en janvier et 39 % en mars. En cinq mois, M. Sarkozy enregistre donc une baisse de six points au sein de cette catégorie d’électeurs, qui constitue pourtant le cœur de cible de la primaire. Sur ce segment, M. Juppé reste stable, à 35 %, et ne compte plus qu’un point de retard sur son rival.

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  • Marine Le Pen consolide sa place

Pour elle, aucun signe d’effritement : créditée de 28 % des voix au premier tour de l’élection présidentielle, Mme Le Pen gagne même 1 point par rapport à la précédente vague de notre enquête. A ce stade, sa qualification pour le second tour apparaît donc hautement probable.

Il est à noter que ce score est le même dans les deux cas de figure testés. Dans l’hypothèse d’une candidature de M. Sarkozy, la présidente du FN serait aujourd’hui en tête au premier tour, devançant de sept points le candidat LR (21 %). Si M. Juppé sortait vainqueur de la primaire de la droite, il obtiendrait 35 %, soit sept points de mieux que Mme Le Pen. Sur cette « photo », reflet d’un paysage saisi à un an du scrutin, nul ne parvient encore à perturber le scénario d’un duel FN-LR au second tour.

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