« Nombre des propositions qu’il a formulées démontrent soit une ignorance des affaires du monde, soit une attitude cavalière », a dit Barack Obama à propos de Donald Trump. | SPENCER PLATT / AFP

Barack Obama s’en est une nouvelle fois pris à Donald Trump. En marge du sommet des dirigeants des grands pays industrialisés (G7) à Ise-Shima, au Japon, il a lancé :

« Nombre des propositions qu’il a formulées démontrent soit une ignorance des affaires du monde, soit une attitude cavalière. »

M. Obama a ironisé sur un candidat plus préoccupé par « les tweets et les titres de la presse que par une réflexion en profondeur sur la politique à mettre en œuvre pour assurer la sécurité et la prospérité de l’Amérique et la stabilité du monde ».

A la veille de sa visite historique à Hiroshima, ville frappée par le feu nucléaire américain le 6 août 1945, le président américain, qui a par le passé affirmé sa conviction que le magnat de l’immobilier n’accéderait pas à la Maison Blanche, s’est aussi fait l’écho des inquiétudes des dirigeants de la planète qu’il rencontre régulièrement.

« Ils suivent cette élection avec beaucoup d’attention. Je pense que l’on peut raisonnablement dire qu’ils sont surpris du candidat républicain. (…) Ils ne savent pas vraiment s’il faut prendre au sérieux certaines de ses affirmations. Mais ils sont, pour de bonnes raisons, ébranlés par ces dernières. »

Positions inquiétantes

Les positions de l’homme d’affaires de New York inquiètent particulièrement en Asie. Il a notamment proposé de retirer les troupes américaines en Corée du Sud et au Japon si les deux pays asiatiques n’augmentaient pas leurs contributions au budget pour le déploiement de ces forces américaines. Il a aussi suggéré que Tokyo et Séoul se dotent de l’arme nucléaire pour faire face à la Corée du Nord.

En décembre, David Cameron avait déclaré devant le Parlement que les propos de M. Trump proposant d’interdire aux musulmans l’accès du territoire américain avaient été « stupides et faux et s’il venait dans notre pays, nous serions tous unis contre lui ». Récemment, Donald Trump avait répliqué que s’il était élu en novembre, il risquait de ne pas avoir une « très bonne relation » avec le Britannique. Avant d’affirmer vendredi dernier que David Cameron l’avait d’ores et déjà invité à lui rendre visite.

L’organisation non gouvernementale Avaaz relaie cette inquiétude dans un sondage publié jeudi 27 mai. L’enquête menée par YouGov en France, au Royaume-Uni, en Allemagne, au Mexique, au Canada et au Japon souligne l’inquiétude des citoyens : en France, 50 % se disent « préoccupés » par les positions de M. Trump, 79 % affirment qu’ils ne les « aiment pas » ou les « détestent », et 38 % se disent « écœurés » pas ses opinions.

Surtout, cette étude montre que les citoyens des pays alliés des Etats-Unis craignent que la rhétorique du candidat républicain « rende le monde moins sûr », c’est le cas pour 75 % des Français, et 56 % estiment que ses opinions augmentent les risques d’attentats similaires à ceux de Paris de Saint-Denis.

« Grain à moudre » pour la propagande

En janvier, le département d’Etat, qui d’habitude ne se mêle pas de politique intérieure, a fait savoir que les discours anti-musulmans proférés aux Etats-Unis durant la campagne pour la présidentielle de novembre donnaient du « grain à moudre » à la propagande de groupes islamistes armés. 

De fait, au début du mois de janvier, Donald Trump, est apparu dans une vidéo de propagande des miliciens islamistes somaliens Chabab destinée à attirer de nouvelles recrues. Cette vidéo montrait des images de M. Trump demandant l’interdiction aux musulmans d’entrer aux Etats-Unis.