Nabilla Benattia, lors de son procès pour « violences aggravées », où son compagnon Thomas Vergara était partie civile, le 19 mai 2016. | BENOIT PEYRUCQ / AFP

« Je n’aurai pas les épaules assez larges, je ne le supporterai pas ». Cette phrase, prononcée par Nabilla Benattia quelques jours avant son procès, faisait référence à son éventuel retour derrière les barreaux. La starlette de téléréalité, qui risquait jusqu’à sept ans de prison, ne retournera finalement pas en prison. Jugée par le tribunal correctionnel de Nanterre pour avoir poignardé son compagnon à deux reprises en 2014, Nabilla a été condamnée jeudi 19 mai à deux ans d’emprisonnement, dont six mois ferme.

Une peine légèrement inférieure à celle demandée par le procureur : trois ans, dont huit mois ferme. Nabilla ayant déjà passé plus d’un mois en détention provisoire, elle peut « faire aménager » ce reliquat pour ne pas retourner en prison, a détaillé le tribunal. La peine de la starlette est toutefois assortie d’une obligation de soins psychologiques et d’une mise à l’épreuve de deux ans.

Nouvelle image

« Cette mise à l’épreuve », Nabilla a tenté de l’amorcer avant même son procès, s’attachant à montrer une image d’elle plus mesurée, moins bimbo. « Au fond, je suis une fille assez calme, assez posée », peut-on lire en liminaire de son livre, sortie quelques semaines avant son procès, contre l’avis de son avocat Me Saint-Palais, qui craignait que les magistrats y voient une provocation. C’est dans une tenue loin d’être provocatrice que Nabilla a fait son entrée dans la salle d’audience du tribunal de Nanterre. La starlette a laissé au placard ses talons aiguilles et ses mini-jupes, optant pour un style des plus sobres : pantalon noir, tee-shirt noir, blaser gris et basket.

Nabilla a changé. Tel est peu ou prou le message qu’elle tente de faire passer aux juges du tribunal correctionnel de Nanterre. Elle ne leur répétera donc pas les mensonges dans lesquels elle s’était « embourbée » lorsque l’affaire a éclaté, dans la nuit du 6 au 7 novembre 2014. « J’ai commencé à mentir. Et quand on est dans un mensonge, on ne peut plus faire marche arrière, alors on le cultive », justifie la jeune femme de 24 ans, qui a rencontré Thomas Vergara sur le plateau d’une émission de téléréalité en 2013.

« Qu’est-ce qu’on a fait ? »

Le soir des faits, Nabilla avait dans un premier temps assuré aux policiers que son compagnon avait été agressé devant l’appart-hôtel de Boulogne-Billancourt, où le couple avait ses habitudes les jours de tournage de l’émission « Touche pas à mon poste », dans laquelle la jeune femme tenait une chronique. Lors de l’instruction, elle avait changé de version, optant pour un scénario ubuesque selon lequel Thomas Vergara s’était blessé seul au cour d’une dispute.

S’il y a effectivement eu une violente altercation de couple le soir des faits, c’est bien Nabilla qui a porté un coup de couteau à son compagnon – qui a écopé de dix jours d’ITT en raison d’une plaie profonde au poumon. Les enquêteurs avaient d’ailleurs mis au jour un texto de Thomas Vergara accablant pour Nabilla : « Pourquoi m’avoir poignardé ? En plein cœur, je ne comprends pas. » Il faudra attendre avril 2016 pour que Nabilla reconnaisse, dans son autobiographie, des coups « involontaires » portés à son concubin.

Même ligne de défense à son procès, où la starlette reconnaît les faits, mais tente d’édulcorer la situation, en évoquant une simple dispute de couple qui a dégénéré :

« On se disputait depuis des heures. J’ai voulu lui faire peur. Thomas est venu vers moi, et malencontreusement, le couteau est entré dans son corps. Là, on voit du sang, on dit “Waouh, qu’est-ce qu’on a fait ?”, quoi. »

« Mon intention n’était pas de faire du mal », mais de « mettre fin à une crise et dire stop », avance Nabilla au début de l’audience. Une crise déclenchée par une énième scène de jalousie, entamée par des SMS furieux du jeune homme lorsqu’il découvre sa compagne se trémousser en body à la télévision, rappelle le président du tribunal.

« Je ne suis pas une meurtrière »

Au fil des auditions du couple, on découvre que ces disputes sont constitutives de leur histoire, où Nabilla est décrite comme fragile et impulsive et Thomas Vergara comme jaloux et possessif. « On avait des querelles, on se tirait les cheveux, on se lançait des objets, on criait », liste la jeune femme de 24 ans, refusant toutefois de reconnaître que le couple « se battait ». Et d’ajouter, en prenant le président du tribunal à témoin : « Vous savez ce que c’est les couples, parfois. Je ne sais pas si vous vous embrouillez souvent vous ? ».

Un message de Thomas Vergara faisant référence à « des coups de pieds dans la tête », un coup de fourchette donné par Nabilla lors d’une sortie au restaurant, des ecchymoses sur la cuisse, une blessure à l’arme blanche dans le dos du jeune homme de 29 ans, constituent autant d’exemples de cette « violence diffuse et récurrente », décrite par le président du tribunal. C’est d’ailleurs concernant ce dernier point que Nabilla était également jugée jeudi devant le tribunal correctionnel. Trois mois avant la nuit du 6 au 7 novembre, dans leur maison de Coudoux, dans les Bouches-du-Rhône, Thomas Vergara avait été blessé au dos à l’arme blanche. A l’époque, le jeune homme assure être tombé, déstabilisé par son chien, sur un couteau à barbecue qui séchait sur un muret.

Lors du procès, Nabilla a admis une part de responsabilité dans cet épisode : « On s’est battu, je l’ai poussé, je pense qu’il s’est écorché le dos, qu’il s’est rentré la fourche ou quelque chose dans le dos », a-t-elle lâché. Accusée d’avoir poignardé son compagnon à deux reprises, Nabilla assure : « Je n’ai pas voulu blesser, je ne suis pas une meurtrière. »

« Difficile de juger normalement des gens qui ne le sont pas »

Des déclarations qui, dans les deux cas, n’ont pas convaincu le procureur. Les faits sont « graves », a-t-il lancé, « l’arme a nécessairement été utilisée de manière réfléchie dans les deux cas », et ce de manière « répétée ». A Boulogne, « la catastrophe a été évitée de peu », avait souligné le procureur lors de son réquisitoire.

Me Christian Saint-Palais reconnaît des « violences conjugales qui s’inscrivent dans un contexte de couple passionnel ». L’avocat dépeint, d’un côté, un homme « maladivement possessif », « rendu paranoïaque par la prise de drogue » et de l’autre, une « femme-enfant » parfois « femme fatale », « une petite chose ayant grandi seule ».

« Après tout, c’est un dossier comme un autre. C’est une affaire que l’on a l’habitude de juger. Mais c’est difficile de juger normalement des gens qui ne le sont pas », ajoute Me Thierry Fradet, l’avocat de Thomas Vergara, qui n’a pas porté plainte mais qui s’est constitué partie civile au procès pour soutenir « la femme qu’il aime ».

Répétant comme un leitmotiv tout au long de l’audience qu’ils avaient changé, c’est pourtant un show digne d’une télé-réalité qu’a offert le couple à sa sortie, libre, de l’audience, s’embrassant longuement sous le crépitement des flashs des photographes.