Donges, blocage du dépôt pétrolier SFDM par des salariés grévistes le 24 mai 2016. | FRANCK TOMPS POUR LE MONDE

L’épreuve de force entre la CGT et le gouvernement autour du projet de loi de réforme du code du travail se poursuit et s’amplifie. La première veut obtenir le retrait du texte et accroît la pression à travers les mouvements de grève et les blocages dans les raffineries, mais aussi, à partir de jeudi, dans le nucléaire. Le second réaffirme qu’il ne reculera pas et utilise la force pour lever ponctuellement les blocages. Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis Asset Management, estime que « pour l’instant », l’impact de ces mouvements de contestation sur l’économie française reste limité.

Quel impact peuvent avoir sur l’économie les blocages de raffinerie et les différents mouvements sociaux qui s’amplifient dans l’Hexagone ?

La comparaison qui vient à l’esprit est celle des grandes grèves de 1995 contre le plan Juppé sur les retraites, entre le 15 novembre et le 12 décembre, qui avaient eu un impact macroéconomique significatif.

A l’époque, la hausse du produit intérieur brut français (PIB) avait nettement ralenti, probablement en raison de ces mouvements.

La croissance était tombée à 0,1 % en moyenne aux troisième et quatrième trimestres 1995, alors qu’elle était de 0,8 % en moyenne par trimestre en 1994 et encore de 0,5 % début 1995.

Se trouve-t-on aujourd’hui dans une situation similaire ?

A l’époque, la France était véritablement à l’arrêt, tout était bloqué (transports publics, administrations…). Pour l’instant, nous n’en sommes pas là !

Et si l’on compare à 2010, lorsqu’il y avait eu, là aussi, blocage des raffineries face à la réforme des retraites du gouvernement de François Fillon ?

Là, il n’y avait eu aucun effet global sur l’économie française : le PIB avait crû de 0,6 % aux deuxième et troisième trimestres 2010 et de 0,5 % au quatrième trimestre, allant jusqu’à 1 % début 2011. Bien que la contestation ait duré longtemps, du printemps à l’automne, elle avait été plus perlée.

Dans quelle catégorie classer le mouvement actuel ?

Pour l’instant, la mobilisation est relativement récente et ne bloque absolument pas l’intégralité de l’économie.

Si demain ce devait être le cas, alors on aurait sûrement des reports d’activité et d’investissement, mais aussi d’achats de la part des consommateurs, qui viendraient fragiliser la situation économique française.

En particulier, les blocages de raffinerie, s’ils se poursuivaient, et celui de centrales électriques, s’ils se concrétisaient, pourrait vite faire ressembler la situation à celle de 1995. Mais pour l’instant, nous n’en sommes pas là !