PSA et Renault enregistrent les meilleurs scores avec des progressions de 25,6 % et de 34 %. | LOIC VENANCE / AFP

Le mois de mai qui vient de s’achever a fait découvrir aux Français un nouveau sport : la chasse aux stations d’essence. En une semaine, ils ont basculé dans le monde fragile et incertain des pénuries. Cela ne les a pas empêchés dans le même temps de se ruer du côté des concessions automobiles pour changer leur voiture. Le marché au mois de mai a progressé de plus de 22 % et même de 23 % en comptant les véhicules utilitaires. Un record qui efface le souvenir pénible de la dégringolade des années 2010. Voilà qui devrait faire plaisir à Anne Hidalgo, la maire de Paris, qui entend bannir de sa cité les vieilles guimbardes antérieures à 1997 dès le 1er juillet. Les Français cassent leur tirelire pour s’équiper à neuf. Depuis le début de l’année, le marché des voitures particulières neuves est en hausse de 10,5 %.

Le bon spectaculaire de ce pluvieux mois de mai doit évidemment être relativisé. Il a été particulièrement pauvre en jours fériés par rapport à 2015. Nous avons travaillé vingt jours ouvrés contre dix-sept l’an passé. En conséquence, les commerciaux ont disposé de trois jours supplémentaires pour séduire les indécis et conclure des affaires. La performance n’est reste pas moins impressionnante.

L’attrait de la nouveauté

Voilà déjà plus de six ans que les constructeurs guettent l’amélioration du climat dans l’automobile en France, se désespérant de voir le pays, et plus généralement l’Europe, caler alors que les Etats-Unis et la Chine appuyaient sur l’accélérateur. La situation est désormais inversée, avec des progressions prévues cette année largement en dessous des 5 % dans ces deux pays.

N’en déplaise à François Hollande, ce n’est pas l’amélioration économique du pays, et encore moins la baisse du chômage qui ont enclenché ce cercle vertueux, mais l’amélioration de l’offre. Les gens ne changent pas de voiture uniquement par besoin, mais aussi par attrait de la nouveauté. Et l’effort de renouvellement des deux constructeurs français a enfin porté ses fruits. Ce sont eux qui enregistrent les meilleurs scores avec des progressions de 25,6 % pour PSA et de 34 % pour Renault. Depuis le début de l’année, ils trustent 9 des dix premières ventes en France avec leurs nouvelles Clio, 308, 208 ou Captur. Et si Renault progresse plus vite que son rival, mois après mois, c’est parce que son offre est plus étoffée. Tant en voitures à la mode, comme les 4X4 urbains (SUV) qu’en véhicules à petits prix avec sa gamme Dacia.

Voilà une bonne nouvelle pour l’économie qui voit repartir les ventes du bien de consommation le plus onéreux des ménages et pour l’industrie française, qui en avait grand besoin. Les constructeurs renflouent leurs caisses et la filière retrouve l’optimisme. C’est la magie de la croissance qui permet de résoudre tous les problèmes. Cela tombe bien aussi pour le gouvernement désargenté qui s’interroge sur l’avenir de sa participation de 15 % dans PSA. Il serait bien dommage qu’il ne profite pas lui aussi de cette embellie inespérée.