Dessin du projet de campus de Sciences Po Paris. | Sciences Po

C’est désormais officiel : Sciences Po Paris va acquérir l’hôtel de l’Artillerie (14 000 mètres carrés), situé place Saint-Thomas-d’Aquin dans le 7e arrondissement. Le site était jusque-là propriété du ministère de la défense.

L’objectif de l’établissement parisien : ouvrir en 2021 un campus urbain au centre de Paris, à l’image de la London School of Economics ou de la New York University et rassembler toutes les activités : enseignement, recherche, formation continue, vie étudiante, logements sociaux étudiants… « Nous voulons aussi faire de cet endroit un lieu de renouvellement pédagogique », précise Frédéric Mion, directeur de l’établissement. Une salle de plaidoirie, une salle de presse et pourquoi pas une salle des marchés sont d’ores et déjà à l’étude.

Cette acquisition avait été actée par Manuel Valls il y a exactement un an, mais le projet avait fait grincer des dents. En jeu, le prix proposé par Sciences Po – 80 millions d’euros –, alors que le bien avait été évalué à 104 millions d’euros en 2009 par France Domaine.

Une opération à 200 millions d’euros

En mai 2015, le Conseil de l’immobilier de l’Etat (CIE) avait émis des réserves quant à ce projet. Surtout, Jean-Louis Dumont, député socialiste et président du CIE, réclamait une estimation de l’hôtel de l’Artillerie au prix du marché. « Sciences Po a un projet très positif et très intéressant qui ne peut se développer qu’au cœur du 7e arrondissement, ironise-t-il. Et, une fois de plus, l’Etat va perdre des recettes au bénéfice d’une institution parisienne. Des professionnels de l’immobilier estimaient que la mise sur le marché de ce bien pouvait s’élever à 120 millions d’euros. » Certains ont donc crié « au cadeau » fait à la prestigieuse école. « Ce n’est pas du tout un cadeau fait à Sciences Po, rétorque M. Mion. Le prix a été expertisé par l’Etat, et celui-ci ne subventionnera pas l’opération. »

Finalement, Sciences Po a relevé son offre à 87 millions d’euros (93 millions tous droits compris). « C’est moins pire ! », reconnaît M. Dumont. Grâce à cette acquisition, Sciences Po se débarrassera de seize sites en location dans la capitale pour ne garder que les six dont il est propriétaire. L’opération est évaluée à 200 millions d’euros (acquisition, travaux, déménagement…). La Fondation nationale des sciences politiques (qui assure la gestion de l’école) empruntera 160 millions d’euros sur trente ans, dont 85 % seront couverts par les loyers économisés, assure M. Mion. Le reste proviendra pour 20 millions d’euros des fonds propres de l’établissement et pour 20 millions d’euros d’une levée de fonds qui débutera après l’été.