Des salariés de la SNCF manifestaient à Lyon, mercredi 1er juin. | JEFF PACHOUD / AFP

C’est un accord social qui risque de coûter cher, très cher à la SNCF. Après avoir amadoué la CFDT en abandonnant le week-end dernier, sous la pression du gouvernement, la plupart des mesures d’économies prévues dans le cadre de la renégociation de son contrat social, la direction de l’entreprise ferroviaire serait sur le point de faire de nouvelles concessions, afin d’obtenir le retrait de la CGT du mouvement de grève entamé mardi 31 mai.

Selon la lettre professionnelle Mobilettre, le gouvernement réfléchirait à octroyer aux cheminots partants à la retraite une indemnité de départ, à l’image de ce que reçoivent déjà les salariés contractuels de l’entreprise. Cette mesure pourrait coûter 900 millions d’euros à la société.

Un train sur deux immobilisé

Interrogé, Matignon n’a pas confirmé l’information, tandis que la direction de l’entreprise et la CGT n’ont pas répondu aux sollicitations du Monde. Coïncidence ou pas, une réunion entre la SNCF et la CGT était prévue vendredi 3 juin.

Pourtant, le mouvement entamé mardi soir dans le secteur ferroviaire faiblit. Après avoir mobilisé 17 % des cheminots mercredi 1er juin, à l’appel de la CGT, de l’UNSA et de SUD-Rail, la grève reconductible ne mobilisait vendredi plus que 10 % à peine du corps social de l’entreprise publique. L’UNSA a en effet suspendu son appel à la grève jeudi.

Ce chiffre est néanmoins suffisant pour immobiliser près d’un train sur deux. L’essentiel des troupes de la CGT et de SUD-Rail en grève font partie des personnels roulants, et notamment les conducteurs.

Déminé le secteur

Depuis le week-end dernier, le gouvernement a méthodiquement déminé le secteur. Samedi 28 mai, le gouvernement a réussi à convaincre la CFDT de quitter la contestation en proposant de conserver l’ancien cadre social, voire de l’améliorer à la marge contre l’avis de la direction de l’entreprise.

Jeudi 2 juin, c’est l’UNSA qui a fini par sortir du mouvement, après les promesses du gouvernement de remettre des propositions sur la trajectoire de la dette de l’entreprise, et un possible transfert d’une partie de la dette d’Etat aujourd’hui abrité par SNCF Réseau (10,8 milliards d’euros).

De leur côté, les cadres de la SNCF ont lancé une pétition en ligne, pour faire part de leur désarroi face au scénario en cours, qui risque de mettre à mal la compétitivité de l’entreprise et sa capacité à résister à l’ouverture à la concurrence, estiment-ils.

Quant à SUD-Rail, qui refuse systématiquement de signer des accords, il ne pèse pas assez aujourd’hui (16,8 % aux élections professionnelles) pour s’opposer à un accord d’entreprise. Lundi 6 juin, une réunion conclusive doit être organisée entre toutes les parties sur le nouvel accord d’entreprise.