Soldats de la mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) en avril 2015, à Mogadiscio. | MOHAMED ABDIWAHAB / AFP

Les insurgés islamistes Chabab ont attaqué un camp de l’armée éthiopienne jeudi dans le centre de la Somalie et affirmé avoir tué plus de 60 soldats appartenant à la mission de l’Union africaine dans le pays (Amisom).

Celle-ci a confirmé l’attaque mais a assuré l’avoir repoussée. Les jihadistes, affiliés à Al-Qaïda, ont revendiqué l’assaut contre une base installée à Halgan, dans la région de Hiran, via un communiqué publié sur leur compte de messagerie « Telegram ».

« Les combattants moudjahidines ont pénétré dans la base et ont massacré de nombreux Éthiopiens », dit le communiqué.

Les Chabab ont affirmé avoir tué « au moins 60 » soldats éthiopiens tout en reconnaissant que 16 de leurs « combattants » avaient péri, un bilan impossible à confirmer de sources indépendantes.

Les bilans de ce type d’attaque sont de fait impossibles à vérifier de manière indépendante. Les Chabab ont coutume d’exagérer les bilans de leurs opérations et l’Amisom ne communique en général pas le nombre précis de victimes dans ses rangs.

L’Amisom a de son côté confirmé que l’attaque avait eu lieu, soutenant qu’elle avait été repoussée par l’armée éthiopienne, avec l’aide de l’armée somalienne.

« Les assaillants sont maintenant en fuite et les forces (éthiopiennes et somaliennes, ndlr) sont à leur poursuite », a indiqué l’Amisom sur son compte Twitter.

La version de l’Amisom a été confirmée par les autorités locales. « Il y a eu une attaque majeure ce matin (jeudi) à Halgan. Des éléments violents ont tenté de pénétrer dans la base de l’armée somalienne et de l’Amisom, mais ils ont été repoussés et leurs corps sont partout », a déclaré Guhad Abdi Warsame, un haut responsable local.

« Ils ont perdu et maintenant nous avons le contrôle entier de la zone, la situation est normale », a-t-il ajouté, sans faire de commentaire sur le nombre de victimes dans les rangs de l’Amisom et de l’armée somalienne.

Des témoins ont affirmé que l’attaque avait commencé quand un Chabab s’est fait exploser au volant d’une voiture piégée en vue de démolir l’entrée de la base. « Il y a eu une énorme explosion et des échanges de tirs soutenus ont ensuite débuté », a déclaré Osman Adan, qui habite à proximité du camp.

Plus tard dans la matinée, des sources locales ont confirmé que les combats avaient cessé, même si des coups de feu sporadiques étaient encore entendus.

Les Chabab ont mené plusieurs attaques d’ampleur contre des bases de l’Amisom lors de l’année écoulée en utilisant ce modus operandi. En janvier à El-Adde (sud de la Somalie), ils ont revendiqué la mort de plus de 100 soldats kényans, des informations invérifiables mais jugées crédibles par plusieurs sources sécuritaires à Nairobi.

Il s’agit toutefois de la première attaque sur une base de l’armée éthiopienne, réputée pour son efficacité.

Confrontés à la puissance de feu supérieure de l’Amisom, déployée en 2007 en Somalie, les Chabab ont été chassés de Mogadiscio en août 2011.

Ils ont ensuite perdu l’essentiel de leurs bastions, mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d’où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats suicides, souvent jusque dans la capitale. Ces derniers mois, ils ont revendiqué des opérations spectaculaires, tant à Mogadiscio que contre des bases de l’Amisom.