Des habitants de Daraya attendent près du convoi de nourriture. | HANDOUT / REUTERS

D’intenses raids aériens du régime syrien ont empêché vendredi 10 juin la distribution des vivres contenus dans le tout premier convoi de nourriture à entrer dans la ville de Daraya, située à 10 km au sud-ouest de Damas, assiégée depuis 2012. Une situation dénoncée par le ministre des affaires étrangères français à New York, qui a relevé « la duplicité » du régime de Bachar Al-Assad.

« Ma réaction est une réaction d’indignation, au point que je n’arrive pas à trouver les mots pour la décrire », a déclaré M. Ayrault. « A force d’insister pendant des semaines et des semaines pour que l’aide humanitaire parvienne à cette ville qui est une ville martyre (...), le régime finit par dire oui, a-t-il rappelé. Mais l’accès commence et les bombes repartent, donc nous avons la démonstration de la duplicité de ce régime. »

Le 12 mai dernier, la population de Daraya avait déjà été bombardée alors qu’un convoi d’aide devait être acheminé.

Pour M. Ayrault, la situation actuelle « est une raison de plus pour reprendre la voie politique avec une grande détermination » dans le cadre du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), qui comprend les grandes puissances, « pour voir ce que nous pouvons faire vraiment d’efficace ». « J’aurai l’occasion, a-t-il ajouté, d’en rediscuter avec mes partenaires européens, américains et russes le plus vite possible car il y a urgence. »

Le GISS est né à l’automne 2015 à Vienne et se compose de 17 pays et trois organisations multilatérales, soutiens de l’opposition syrienne et du régime de Damas. Ce groupe est coprésidé par les Etats-Unis et la Russie et comprend aussi l’Iran, l’Arabie saoudite et les puissances européennes.

« Crimes contre l’humanité » du régime

« La situation est dramatique, a encore déclaré M. Ayrault, car le régime, malgré ses déclarations, choisit jour après jour de continuer à attaquer son propre peuple. [...] Il n’y a plus de cessez-le-feu, il faut le dire, il y a des tirs et des bombardements quotidiens avec des barils de dynamite qui vont directement sur les civils. »

« Le régime a commis des crimes contre l’humanité dans le cadre d’une politique d’Etat systématique », a encore affirmé le ministre, soulignant que la France « va continuer à pousser pour que les auteurs rendent des comptes ».

Dans la nuit, neuf camions ont déchargé dans Daraya « une aide alimentaire, dont des aliments secs et des sacs de farine, de l’aide non alimentaire ainsi que de l’aide médicale », selon le directeur des opérations du Croissant-Rouge syrien. Ce responsable a indiqué que les vivres suffisaient « pour un mois ».

Selon les Nations unies, les colis alimentaires sont destinés à 2 400 personnes. Le convoi transportait aussi des produits sanitaires et hygiéniques et de l’eau potable. Mais pour les habitants, le compte n’y est pas car si l’ONU considère qu’il y a 4 000 habitants à Daraya, le conseil local assure que c’est le double qui réside dans ce bastion de la rébellion.

Depuis novembre 2012, date de l’encerclement de la ville par l’armée régulière, aucun convoi d’aide n’avait été autorisé par le gouvernement syrien à franchir cette distance. Peuplée de 100 000 habitants avant la révolution, la ville fut l’une des pionnières du mouvement de protestation anti-Assad, avant de se convertir à la lutte armée sous la répression, comme le reste du pays.