Dirigée par le cousin d’Elon Musk, SolarCity ne va pas bien. Son modèle économique prend l’eau, avec la baisse des subventions à l’installation de panneaux | SolarCity

Imaginons un peu. L’Alliance Renault-Nissan est une fervente partisane de la voiture électrique. Dans l’enthousiasme, le groupe décide d’acquérir un fabricant de batteries, par exemple le japonais Sanyo, puis met ensuite la main sur SunPower, le spécialiste américain du solaire, propriété du pétrolier français Total. N’est-ce pas beaucoup pour une entreprise déjà très occupée par la production et la vente de ses millions d’automobiles ? Et un peu démodé aussi ?

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Pas du tout. L’intégration verticale est au contraire très tendance. C’est du moins la thèse que défend Elon Musk. Le bouillant patron de Tesla, qui a démontré à la face du monde qu’une voiture électrique pouvait être un objet de rêve, se propose de faire racheter par son entreprise une autre de ses créations, l’installateur de panneaux solaires SolarCity. Son rêve est de bâtir la première « société énergétique soutenable ».

Scepticisme dans la Valley

Pour lui, cela permettra d’utiliser les magasins Tesla pour proposer des panneaux solaires, de vendre les batteries de stockage d’énergie ­fabriquées par Tesla aux clients de SolarCity et, in fine, de constituer une sorte de club de fans de l’énergie propre. Les amateurs des belles berlines électriques étant à l’évidence des candidats tout désignés pour équiper en solaire leurs belles maisons.

Pourtant facilement séduits par le plus spectaculaire entrepreneur de la Silicon Valley, les marchés ne semblent pas conquis par le discours du trublion. Le cours de Tesla s’est effondré de 13 % dans les échanges hors séance, quand celui de SolarCity s’est, lui, envolé de 15 %. Peu étonnant, cette opération présentant tous les aspects d’un sauvetage du spécialiste du solaire par le constructeur auto.

Dirigée par le cousin d’Elon Musk, SolarCity ne va pas bien. Son modèle économique prend l’eau, avec la baisse des subventions à l’installation de panneaux. La société a révisé plusieurs fois ses perspectives de croissance, et son cours de Bourse a été divisé par plus de trois en un an. Mais, surtout, les investisseurs craignent que cela coûte du temps et de l’énergie à Tesla. Une entreprise en forte croissance, mais dont les premiers bénéfices ne sont pas attendus avant 2020 et qui multiplie les projets faramineux de nouvelles usines et de nouveaux modèles.

Elon Musk, qui possède un peu plus de 20 % de chacune des deux entreprises, ne participera pas au vote sur la fusion. Il n’est donc pas sûr qu’elle soit agréée par les autres actionnaires, qui ont déjà remis récemment 1,5 milliard de dollars dans Tesla (1,3 milliard d’euros). Pourtant, ce sont eux qui ont permis au jeune entrepreneur de se développer en valorisant Tesla 30 milliards de dollars, soit trois fois plus cher que PSA. Le château de cartes électrique d’Elon Musk ne semble pas très solide. Mais il est encore trop tôt pour parier sur son effondrement sous le poids de ses propres rêves. C’est le risque, et la beauté, de toutes les grandes aventures industrielles.