En dépit de la crise, les riches sont toujours plus riches, même si leur fortune a progressé un peu moins vite en 2015 que les années précédentes, et le nombre de millionnaires continue de progresser. Tels sont, en substance, les conclusions du rapport 2016 sur la richesse mondiale des ménages, publié mardi 7 juin par le Boston Consulting Group (BCG), un cabinet américain de conseil en stratégie.

Ce rapport révèle que « la richesse mondiale privée », c’est-à-dire les actifs financiers des ménages hors immobilier – épargne bancaire (comptes, livrets, etc.), épargne financière (actions, obligations, etc.) et assurances-vie – s’est établie à 167 800 milliards de dollars (147 720 milliards d’euros) en 2015, en hausse de 5,2 % sur un an. C’est moins que la hausse enregistrée en 2014 (+ 7,5 %).

Dans le détail, et sans surprise, la hausse la plus forte a été enregistrée en Asie-Pacifique (+ 13,4 % en 2015), une zone économique en plein développement. La progression a en revanche ralenti en Amérique du Nord (+ 1,8 % en 2015 après + 6,4 % en 2014) et en Europe de l’Ouest (+ 4,3 % en 2015 après + 6,1 %). « Les incertitudes sur le futur de l’Union européenne et les prix durablement bas des matières premières ont pesé sur les marchés actions en dépit du début d’année prometteur », explique le rapport.

Ces chiffres restent néanmoins très supérieurs à la croissance du produit intérieur brut (PIB) enregistrée sur la même période dans ces régions : 2,4 % en 2015 aux États-Unis et 1,7 % en zone euro. L’Amérique du Nord se classe largement en tête du classement des régions du monde recélant le plus de ménages riches et devrait s’y maintenir à l’horizon 2020. La place de numéro deux, aujourd’hui occupée par l’Europe de l’Ouest, pourrait revenir à la région Asie pacifique à l’horizon 2020.

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En outre, non seulement la crise a épargné les millionnaires, mais ceux-ci se portent toujours mieux et sont surtout de plus en plus nombreux : ils sont 6 % de plus en 2015, selon le BCG. Ces millionnaires détiennent aujourd’hui 47 % de la richesse mondiale privée – une part qui devrait dépasser les 50 % en 2020, estime le cabinet.

Les paradis fiscaux toujours bien portants

Dans le détail, c’est la fortune des ménages les plus aisés (plus de 100 millions de dollars) qui a le plus progressé en 2015 (+ 10 %), en particulier dans la région Asie-Pacifique (+ 16 %). Le nombre de multimillionnaires a explosé en Inde et en Chine. Mais, sans surprise là aussi, la plus forte concentration de millionnaires est toujours enregistrée… au Liechtenstein et en Suisse.

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Le rapport se penche également sur la « richesse offshore » des ménages, c’est-à-dire celle placée hors de leur pays d’origine, soit pour l’essentiel dans des Etats ou territoires offrant des régimes fiscaux avantageux (Royaume-Uni, Suisse, Singapour, Panama, etc.). Le BGC l’estime à 10 000 milliards de dollars en 2015, en hausse de 3 % sur un an, ce qui montre notamment que les paradis fiscaux continuent de bien se porter.

Mais, du fait du début de « rapatriement de leurs actifs à l’étranger par les investisseurs des pays développés », la richesse offshore des Nord-Américains, des Européens de l’Ouest et des Japonais a chuté de 3 % l’année dernière. Elle continue en revanche d’augmenter pour les ressortissants des pays émergents…

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