Portrait de Rached Ghannouchi, président du parti Ennahdha, chez lui, le 17 mai 2016. | NICOLAS FAUQUE POUR LE MONDE

Sans surprise. A 74 ans, le président et leader historique du parti tunisien Ennahda, Rached Ghannouchi, a été réélu lundi 23 mai à la tête de cette formation, jusqu’alors qualifiée d’islamiste, qui vient d’acter sa mue en « parti civil ».

M. Ghannouchi a obtenu 800 voix, tandis que 229 votes sont allés au président sortant du conseil de la Choura, la plus haute autorité du parti, Fethi Ayadi, et 29 à Mohamed Akrout, un responsable du parti, selon les résultats affichés sous les acclamations sur un grand écran dans la salle où étaient réunis les congressistes.

Sortie de « l’islam politique »

Ennahda, partie prenante depuis 2005 d’une coalition gouvernementale dirigée par le parti Nidaa Tounès, son ancien adversaire, a tenu son dixième congrès au cours du week-end pour élire une nouvelle direction, faire le bilan de son action et établir sa stratégie pour les années à venir.

C’est sous l’impulsion de M. Ghannouchi que le mouvement y a officialisé la séparation entre ses activités politiques et religieuses, une mue en gestation depuis quelques années déjà.

Prédicateur enflammé dans les années 1970, M. Ghannouchi a vécu en exil à Londres pendant une vingtaine d’années avant d’être accueilli triomphalement par des milliers de personnes à son retour en Tunisie après la révolution de 2011.

Ennahda a remporté les premières élections organisées après le soulèvement, en 2011. Bien qu’arrivé deuxième au dernier scrutin législatif, à la fin de 2014, le parti est aujourd’hui la première force au Parlement après l’implosion de son ancien adversaire, le parti Nidaa Tounès du président, Béji Caïd Essebsi, avec qui il a scellé une alliance gouvernementale.