Shell a dévoilé un ambitieux plan de création d’une usine pétrochimique en Pennsylvanie. | Larry Rippel / AP

L’odeur du pétrole va-t-elle à nouveau flotter sur les bassins du Texas et du Dakota du Nord ? Les investisseurs, en tout cas, la sentent déjà et se préparent à la reprise, après un an de vaches maigres. Mardi 7 juin, le cours du baril de brut a dépassé la barre des 50 dollars (44 euros). Une première depuis dix mois. La hausse est de 80 % depuis février ! Si le prix se maintient encore deux ou trois mois, la production reprendra sur les puits abandonnés dans les campagnes du Midwest américain. A 50 dollars, les puits existants sont remis en activité. A 60 dollars, de nouveaux sont creusés, assurent les analystes de Continental Resources, cités par l’agence Bloomberg.

Plans d’économies

La faiblesse du dollar et les attentats au Nigeria, ainsi que l’attitude plus conciliante du nouveau ministre du pétrole saoudien ont accéléré le phénomène de remontée. L’optimisme revient doucement dans le monde du pétrole, habitué à vivre au gré des cycles. Mais celui-ci a été d’une violence rare et ses traces resteront profondes. Jamais, depuis trente ans, les entreprises du secteur n’auront autant taillé dans leurs investissements pour s’adapter à la chute des cours. Toutes les grandes majors pétrolières ont établi des plans d’économies, qui devraient s’étaler au moins jusqu’en 2017.

C’est le cas de Shell, qui a annoncé, mardi 7 juin, la poursuite de ses programmes de réduction de coûts. Ses investissements vont baisser de 35 % par rapport à 2015, à 29 milliards de dollars, en tenant compte de sa fusion avec le producteur de gaz britannique BG. Ce n’est pas loin du seuil des 25 milliards juste nécessaires à la compagnie pour maintenir sa production. La société entend envoyer un message de rigueur en direction des marchés, qui ont trouvé bien cher son investissement de plus de 50 milliards de dollars dans BG. Le groupe a supprimé 12 500 postes en deux ans pour améliorer sa trésorerie et ainsi accroître le versement de ses dividendes aux actionnaires.

Reprise fragile

Pourtant, même si elle n’est pas sortie de sa diète, la compagnie anglo-néerlandaise laisse, elle aussi, échapper quelques signes optimistes sur une amélioration de la situation. Elle a dévoilé un ambitieux plan de création d’une usine pétrochimique en Pennsylvanie. Elle transformera le gaz de schiste américain en matières plastiques à partir des années 2020. Un projet à plusieurs milliards de dollars, qui lui permettra d’être moins dépendante du cours des matières premières et qui correspond à son nouveau profil de première compagnie productrice de gaz au monde.

Le parfum de reprise qui flotte sur l’Amérique reste fragile. En ouvrant à nouveau le robinet, les producteurs locaux peuvent faire redescendre les cours. La montée en puissance sur la scène internationale d’acteurs comme l’Iran peut avoir le même effet. Mais, pour tous les autres pays producteurs et les pays émergents qui en dépendent, cette remontée annoncée est une promesse à ne pas bouder.