Le sénateur Les Républicains Serge Dassault, en décembre 2014. | DOMINIQUE FAGET / AFP

Younès Bounouara, un familier de l’avionneur Serge Dassault, qui l’a utilisé pour désamorcer les émeutes à Corbeil-Essonnes, a été condamné, mercredi 18 mai, à quinze ans de réclusion pour tentative d’assassinat par la cour d’assises de l’Essonne. Une peine supérieure aux douze ans requis par l’avocat général.

Dans cette affaire figurent, en toile de fond, les soupçons d’achat de votes aux élections municipales de Corbeil-Essonnes, qui valent à Serge Dassault, maire de 1995 à 2009, une mise en examen dans un dossier distinct. M. Bounouara était devenu l’un des « préférés » de M. Dassault quand ce dernier a ravi la ville aux communistes en 1995. L’industriel l’a notamment utilisé comme relais dans le quartier des Tarterêts pour désamorcer les émeutes.

Le 19 février 2013, Younès Bounouara a tiré sur Fatah Hou, qui circulait en voiture dans le centre de Corbeil-Essonnes, en région parisienne. Grièvement blessé, ce boxeur professionnel conserve encore de lourdes séquelles. En 2009, Fatah Hou avait dénoncé au Conseil d’Etat des achats de votes, contribuant à l’annulation des élections et à la condamnation de M. Dassault à un an d’inéligibilité.

A l’audience, M. Bounouara a expliqué son coup de sang par les menaces et harcèlements dont il était victime depuis plusieurs années, notamment de la part de Fatah Hou.

En novembre 2012, trois mois avant les tirs, Fatah Hou réalise une vidéo pirate dans le bureau de Serge Dassault. Le sénateur Les Républicains (LR) y reconnaît avoir « tout donné à Younès », après l’élection en 2010 de Jean-Pierre Bechter, l’un de ses fidèles. Un mois plus tard, Le Canard enchaîné s’appuie sur cet enregistrement et révèle que Younès Bounouara, relais de Serge Dassault aux Tarterêts, une cité sensible de Corbeil, a touché 1,7 million d’euros de l’avionneur et n’aurait pas redistribué l’argent « comme il devait le faire ».

Dans son réquisitoire, l’avocat général Jean-Michel Bourlès a estimé que « Younès Bounouara avait tiré volontairement pour donner la mort ». Une préméditation et une intention contestées par la défense, malgré des écoutes judiciaires accablantes, dans lesquelles Bounouara prévient ses proches qu’il a son « pétard » et va « canarder » M. Hou.

L’avocate de Fatah Hou a fait savoir qu’ils « allaient envisager » de faire appel.