Au Parlement européen à Strasbourg, en juin 2014. | PATRICK HERTZOG / AFP

En France, l’euroscepticisme fait de plus en plus recette. Selon une étude du Pew Research Center parue mardi 7 juin, seuls 38 % des Français ont un avis positif sur l’Union européenne (UE), plaçant la France en deuxième position des pays les plus eurosceptiques derrière la Grèce.

A deux semaines du référendum britannique sur la sortie de l’Union européenne, le centre de recherche américain s’est intéressé au sentiment antieuropéen dans dix pays de l’Union : France, Allemagne, Royaume-Uni, Grèce, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Pologne, Espagne et Suède. Parmi eux, la Pologne et la Hongrie rassemblent le plus d’avis favorables à l’UE, respectivement 72 % et 61 %.

Alors qu’une courte majorité (51 %) d’opinion favorable à l’UE ressort des dix pays interrogés, la France se démarque par une percée de l’euroscepticisme. En un an, le taux de confiance envers l’Union a baissé de 17 points et depuis 2004, le nombre de Français la soutenant a été divisé par deux, passant de 69 % à 38 %.

Une majorité contre une sortie de la Grande-Bretagne

Autre constat inattendu : 32 % des Français considèrent que le « Brexit » est une « bonne chose » pour l’UE. C’est deux fois plus qu’en Allemagne (16 %) et en Grèce (14 %). En moyenne, les Européens restent conscients des dangers du « Brexit » (70 % considèrent une sortie du Royaume-Uni comme « mauvaise » pour l’Union des vingt-huit.

Paradoxalement, ce rejet français ne décourage pas la volonté d’approfondissement des relations avec l’Union européenne. Ainsi, 34 % des Français considèrent que « les gouvernements nationaux devraient transférer plus de pouvoirs à l’UE ». C’est le plus fort taux de soutien à un renforcement de l’intégration européenne. En comparaison, 9 % des Polonais et 24 % des Néerlandais sont favorables à une Union plus approfondie.

Toutefois les partisans d’un repli national restent les plus nombreux : 39 % en France et 42 % en moyenne dans les dix pays sondés. Au Royaume-Uni et en Grèce, deux tiers des personnes interrogées souhaitent le retour de certains pouvoirs de l’UE aux gouvernements nationaux.

Une fracture générationnelle

Parmi les raisons de ce désaveu figurent avant tout la crise des réfugiés et l’économie. Deux tiers des Français interrogés critiquent la politique européenne sur ces sujets. Chez les Grecs, le taux d’insatisfaction monte à plus de 90 %.

Partout en Europe, les personnes âgées de 50 ans et plus sont les moteurs de l’euroscepticisme. Mais c’est en France que la fracture générationnelle est la plus nette : 56 % des 18-34 ans sont favorables à l’UE – autant qu’au Royaume-Uni – contre seulement un tiers des plus de 50 ans. En Pologne, 79 % des jeunes et 65 % des 50 ans et plus plébiscitent l’UE.

Les clivages politiques divisent aussi pro et antieuropéens. Au Royaume-Uni, la gauche est pro-UE à 69 % contre 38 % de la droite. En Espagne, l’euroscepticisme est de gauche : 32 % des partisans de Podemos soutiennent l’UE contre 59 % de la droite. Mais en France, l’écart est plus faible : la moitié des socialistes (PS) sont favorables à l’UE alors que 39 % des sympathisants des Républicains (LR) sont eurosceptiques. Plus surprenant, trois sympathisants du Front national (FN) sur dix sont pro-européens.

C’est l’un des principaux enseignements de l’étude du Pew Research Center : l’idéologie des partis eurosceptiques n’influence pas forcément ses adhérents. Ainsi, en Italie, 58 % des proches du Mouvement 5 Etoiles et deux tiers des partisans du PiS polonais ont un avis positif sur l’Europe.