L’Australien Abou Soulayman Al-Mouhajir sur une vidéo mise en ligne en 2014 par le Front Al-Nosra. | Capture d'écran Front Al-Nosra

Moins d’un mois après avoir été placé sur la liste noire du Trésor américain, l’un des dirigeants du Front Al-Nosra – la branche syrienne d’Al-Qaida –, l’Australien Abou Soulayman Al-Mouhajir (« l’émigré »), a fait sa réapparition lundi 6 juin sur les réseaux sociaux Telegram et Twitter avec une curieuse initiative : un sondage interactif sur le bilan de cinq années de lutte djihadiste.

« Au cours des cinq dernières années, la lutte en Syrie a provoqué plus de mal que de bien. Oui, je suis d’accord. Non, le djihad doit continuer », propose le sondage.

Ce type de « fantaisies » est plutôt rare. Les hauts dirigeants du Front Al-Nosra sont habituellement plutôt discrets, de crainte d’être repérés et visés par les frappes menées par les Etats-Unis. Lui-même figurerait aussi sur la liste américaine des « terroristes à abattre », selon la presse australienne. Le dernier post d’Abou Souleyman Al-Mouhajir – de son vrai nom Mostafa Mahamed – sur Twitter, remontait au 12 novembre 2014.

L’ancien imam salafiste de Sydney avait fait le voyage en Syrie en 2013, où il avait participé (missionné par Al-Qaida) à une tentative de médiation entre le Front Al-Nosra et l’Etat islamique en Irak et au Levant (qui deviendra Etat islamique une année plus tard) d’Abou Bakr Al-Baghdadi, lorsque ce dernier a décidé d’étendre ses activités en Syrie et de prendre la tête des réseaux djihadistes dans le pays. Rejetés par Ayman Al-Zawahiri, le chef d’Al-Qaida central, les projets de l’EI ont débouché sur une guerre fratricide entre les deux mouvements djihadistes, désormais rivaux.

Propagande sur les réseaux sociaux

Abou Souleyman Al-Mouhajir a par la suite régulièrement été mis en avant par le Front Al-Nosra en 2014 : il explicite notamment en mars la stratégie du groupe et ses différends avec l’EI. En juin, il intervient, avec le porte-parole du groupe, Abou Firas Al-Souri (tué par un raid américain en avril 2016), dans une vidéo de propagande de quarante-trois minutes (un format assez rare pour Al-Nosra) qui culmine avec des images des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Des attaques qu’il ne manque pas de célébrer dans un tweet anniversaire trois mois plus tard, si l’on en croit les « archives » de ses posts, mises en ligne lundi 6 juin.

Engagé depuis le mois d’avril 2014 dans des combats de grande ampleur au sud de la ville d’Alep, le Front Al-Nosra soigne de plus en plus sa propagande sur les réseaux sociaux (comptes Twitter, chaînes Telegram, « flashs info »). En mai, le chef d’Al-Qaida, l’Egyptien Ayman Al-Zawahiri, avait déjà consacré son dernier message à la situation en Syrie, où il espère maintenant tirer profit des revers de l’Etat islamique.