Le Royaume-Uni représente 15 % des exportations de la république d’Irlande, un taux qui monte jusqu’à 40 % pour les biens alimentaires. | PAUL FAITH / AFP

Le large vote (55,78 %) de l’Irlande du Nord en faveur du maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne (UE), jeudi 23 juin, n’aura pas empêché la victoire du « Brexit », relançant la question des relations entre l’Irlande du Nord, qui fait partie du Royaume-Uni, et la république d’Irlande.

Frontière

La presse irlandaise a exprimé des inquiétudes concernant la frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord, la seule – avec celle de Gibraltar – que partage le Royaume-Uni avec un pays de l’Union européenne : il est possible que des contrôles y soient rétablis le long de ses 499 kilomètres, craint l’Irish Independent. « Y aura-t-il des douanes et un contrôle des passeports ? On ne sait pas encore », note RTE, la télévision publique irlandaise.

L’Irish Independent craint aussi que le processus de paix, qui a reçu « 1,5 milliard de fonds de l’UE depuis les premiers cessez-le-feu en 1994 », ne se grippe. Une inquiétude partagée par la RTE, qui écrit sur son site Internet que « le rétablissement de la frontière pourrait constituer un retour en arrière sur les progrès du processus de paix ».

L’effacement progressif de la frontière était « capital pour l’accord de paix », rappelle pour sa part The Irish Times. Une frontière plus marquée ne « menacerait pas immédiatement le processus de paix, mais rendrait indispensable une remise à plat des relations entre l’Irlande, la Grande-Bretagne et le Nord », pointe le quotidien.

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Inquiétudes économiques

Mais ce sont les conséquences économiques immédiates du Brexit qui alarment tout particulièrement la presse irlandaise. Le Royaume-Uni représente 15 % des exportations de la république d’Irlande, un taux qui monte jusqu’à 40 % pour les biens alimentaires. En tout, elle exporte plus de 1 milliard d’euros de biens et de services vers le Royaume-Uni chaque semaine.

Dans un premier temps, la chute de la livre sterling pénalisera les exportations irlandaises au Royaume-Uni ainsi que le pouvoir d’achat des Britanniques en république d’Irlande, même si cela peut être compensé par la chute parallèle de l’euro et par la baisse du coût des importations en provenance du Royaume-Uni. « La décision des Britanniques de quitter [l’UE] constitue un risque économique majeur pour l’Irlande, et fait naître une énorme incertitude pour nos prévisions économiques », s’alarme The Irish Times, qui qualifie le résultat du référendum de « cauchemar ».

Le ministre des finances de l’Irlande avait estimé que le Brexit pourrait coûter 3 milliards d’euros à son pays. Le résultat du référendum pourrait donc, à très court terme, amener le gouvernement à revenir sur ses prévisions d’excédent budgétaire pour les prochaines années, note l’Irish Independent. Le gouvernement avait dit, il y a quelques jours, anticiper un surplus de 1 milliard d’euros en octobre. Cette marge de manœuvre sera « annihilée », prédit The Irish Times.

Selon la RTE, un point important pour la république d’Irlande est de savoir si le Royaume-Uni se maintiendra dans le marché unique européen, ce qui serait un moyen de limiter les dégâts économiques dus à son départ de l’UE. « Ce sera, selon la télévision publique, la mère de toutes les batailles pour le gouvernement irlandais, et le sera pour un long moment. » Une analyse que partage The Irish Times, pour qui le gouvernement irlandais devra faire face à une période « de difficultés et d’incertitudes sans précédent ces cinquante dernières années ».