Mariano Rajoy donne un discours au siège du Parti populaire (PP) le 26 juin. | JOSE JORDAN / AFP

Le Parti populaire (PP, droite) de Mariano Rajoy est sorti renforcé des nouvelles élections législatives qui se sont tenues ce dimanche 26 juin en Espagne, six mois après celles du 20 décembre qui n’avaient pas permis de former un gouvernement. Avec 33 % des voix et 137 députés, le PP récupère 700 000 votes de plus et 12 sièges au Parlement ce qui le place dans la meilleure position pour prendre les rênes du prochain exécutif.

Cependant, rien n’est encore joué en Espagne. Et malgré son avance sur la deuxième force, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), loin derrière avec 22,7 % des voix, il n’est pas dit qu’il pourra gouverner. Pour atteindre la majorité absolue (176 sièges), il devra obtenir le soutien d’autres forces politiques au Parlement.

Son allié naturel est Ciudadanos, parti centriste, libéral et antinationaliste qui, avec 13 % des voix et 32 sièges, perd près d’un point, 400 000 voix et huit sièges au Parlement. Or son président, Albert Rivera, ne donnera pas son soutien sans contrepartie. Il a été clair durant la campagne : arborant le drapeau du « changement », il ne veut pas d’un gouvernement présidé par Mariano Rajoy, dont le nom a été éclaboussé par les affaires de corruption qui touchent le PP. Lors de son discours d’analyse des résultats électoraux, M. Rivera a insisté dans ce sens en réclamant que personne ne mette ses ambitions personnelles devant les intérêts des Espagnols.

Les voix du PP et de Ciudadanos ne sont par ailleurs pas suffisantes pour gouverner. Avec 169 députés, les deux forces politiques ont besoin du soutien ou de l’abstention d’un autre parti. Le PP espère que le PSOE le laissera gouverner. Mais pour les socialistes, pas question non plus de faire de Mariano Rajoy le prochain chef du gouvernement.

Si M. Rajoy s’accroche à son siège et que la droite ne parvient pas à obtenir le soutien de Ciudadanos et du PSOE, il ne reste qu’une possibilité pour qu’un gouvernement soit formé en Espagne : que, le socialiste Pedro Sanchez scelle un accord à trois, avec Ciudadanos et Unidos Podemos, comme ils l’avaient essayé, sans succès, en mars.

Un coup de massue pour Podemos

Le coup de massue qu’a reçu Podemos le convaincra-t-il, cette fois, de céder ? Avec 0,7 point de plus qu’en décembre mais cinq députés en moins (85), le PSOE a résisté à Unidos Podemos, l’alliance entre le parti de la gauche anti-austérité et les néocommunistes de la Gauche unie (Izquierda Unida, IU) que les sondages donnaient deuxième derrière le PP.

Avec 21,1 %, Unidos Podemos sort en effet très affaibli du résultat de ces nouvelles élections. Il a perdu plus d’un million d’électeurs par rapport à l’addition des voix de Podemos et IU en décembre alors même qu’il pensait être au coude à coude avec le PP. Ils maintiennent tout juste le nombre des députés qu’avaient eu les deux forces : 71.

Rien ne laisse présager cependant qu’Unidos Podemos facilitera un gouvernement socialiste, alors que plusieurs points les opposent : la tenue d’un référendum d’indépendance en Catalogne et une augmentation des dépenses publiques de 60 milliards d’euros en quatre ans.

Si les partis politiques espagnols maintiennent des positions de blocage, n’acceptent pas de faire des concessions, il n’est pas impossible que de troisièmes élections se tiennent. Mais l’Espagne, qui a vu les taux d’intérêt de sa dette souveraine bondir et son indice boursier chuté de plus de 12 % vendredi après l’annonce du « Brexit », qui est menacé d’une sanction économique par Bruxelles pour ne pas avoir respecté le pacte de stabilité budgétaire en affichant 5,1 % de déficit public en 2015, et qui sort tout juste de la crise économique peut-elle se permettre ce blocage ? Plus généralement, l’Union européenne, qui traverse déjà une profonde crise, peut-elle se permettre que se prolonge l’incertitude politique dans la quatrième économie de la zone euro ?