Le défenseur Ari Skulason célèbre la qualification historique de son équipe, le 22 juin 2016. | KENZO TRIBOUILLARD / AFP

C’est un séisme qui a touché l’Islande. Il n’était pas causé par un volcan – même si l’Hekla menace d’entrer en éruption dans les jours à venir, six ans après l’Eyjafjöll, d’après Iceland Monitor – mais par un match de football. « L’islande a battu l’Autriche 2-1, dépassant tous les espoirs », écrit l’Iceland Review. C’est un tout un pays qui a vibré derrière son équipe, qui, pour sa première participation à un Euro de football, a réussi à se qualifier pour les huitièmes de finale.

« La pression (sanguine) est montée d’un cran avant le match », décrit le quotidien. Hier, mercredi 22 juin, il ne fallait pas « espérer signer un contrat » ni « mener son business habituel » en Islande : les commerces ont fermé plus tôt qu’à l’accoutumée, les écoles ont demandé aux parents de venir chercher leurs enfants en avance afin que tout le monde puisse regarder le match. Pendant la partie « les rues étaient désertes », assure l’Iceland Review.

Il s’agissait de « la mère de tous les matchs de football », ajoutait Ice News juste avant la rencontre, « le match de football d’entre tous les matchs de football » suivi par « une nation de 330 000 personnes, qu’elles aiment le football ou non ».

« On s’en fout, on est qualifiés ! »

C’est donc tout un pays qui s’est donné des sueurs froides face aux Autrichiens. Les Islandais ont pourtant ouvert le score à 18minute, « ce qui a rendu fou de joie les supporteurs », rapporte l’Island Review. Des supporteurs qui ont ensuite eu quelques frayeurs, notamment avec un penalty obtenu par les Autrichiens à 36minute, « qui était à deux doigts de causer une attaque cardiaque au commentateur », mais le gardien islandais a heureusement empêché l’égalisation. Celle-ci est tout de même survenue à la 60e, mais ce sont les Islandais qui ont finalement inscrit le but victorieux à la dernière minute de jeu, donnant à nouveau du fil à retordre au système cardiaque du commentateur islandais.

A qualification exceptionnelle, commentaire exceptionnel. « La victoire de l’Islande a maintenant une voix », s’enthousiasme l’Iceland Review : celle de Gudmundur Benediktsson, désormais surnommé « Gummi Ben ». « Qui était donc ce commentateur qui a complètement perdu les pédales ? », s’interroge le Reyjkavik Grapevine, expliquant que « son compte-rendu passionné et impliqué du but victorieux a attiré l’attention des médias internationaux et entraîné plus de 1,5 million de vues sur Facebook en l’espace de quelques heures ». Le site islandais propose même la traduction du méli-mélo émotionnel proposé par « Gummi Ben » en fin de match, alors que les attaquants islandais remontaient le terrain en direction du but autrichien : « Tout est ouvert ! Theodor Elmar est seul sur le côté. Ils sont trois contre deux ! Emmi [abréviation pour Elmar] ! Mets-la au fond ! Mets-la au fond ! EMMMI ! Ahhh… Yes… Yes… Yes… YES… YES… Jarghahhh… On est en train de gagner ! (…) Je n’ai plus de voix ! Mais on s’en fout, on est qualifié ! »

Ce but des derniers instants a d’ailleurs été renommé – perfidement – par le quotidien britannique The Times « le but qui offre de l’espoir à l’Angleterre ». En battant l’Autriche, l’Islande finit deuxième de son groupe, passe devant le Portugal et devra donc affronter au prochain tour les « Three Lions » anglais. Même si le tirage leur paraît plus favorable ainsi, les médias anglais se méfient de cette petite sélection désormais habituée aux exploits. « Le cosélectionneur islandais Hallgrimsson a raison de dire que l’Islande va devoir réaliser le match parfait pour surpasser l’Angleterre, appuie le quotidien britannique, mais l’Islande est bien plus proche de ce résultat que ne l’ont montré les Anglais en trois matchs. »

The Daily Telegraph abonde dans ce sens, estimant que « leur résistance défensive, ce “mur bleu”, sera un vrai test pour l’Angleterre, et si [l’entraîneur] Roy Hogdson ne réussit pas à former un groupe pour battre l’Islande, la conclusion sera évidente pour lui : il perdra son job. Point ».