Te-Aviv et Ankara ont trouvé un accord dimanche 26 juin pour normaliser leurs relations après six années de brouille causée par un raid meurtrier d’un commando israélien contre un navire turc chargé d’aide pour Gaza.

Israël s’est notamment engagé à verser 20 millions de dollars (18 millions d’euros) dans un fonds d’indemnisation pour les familles des dix Turcs tués lors de l’assaut contre le navire Mavi Marmara en 2010 en échange de l’abandon par la Turquie de poursuites judiciaires contre les militaires israéliens, a assuré à l’Agence France-presse (AFP) un responsable israélien sous couvert d’anonymat. Il a également précisé que l’accord prévoit le retour des ambassadeurs à Ankara et Tel-Aviv. Tous les détails doivent être dévoilés lors d’une conférence de presse à Rome lundi. Le premier ministre turc, Binali Yildirim, s’exprimera également lundi sur les termes de l’accord.

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, est actuellement dans la capitale italienne pour s’entretenir avec le secrétaire d’Etat américain, John Kerry. Les Etats-Unis avaient poussé les deux pays à signer un accord afin de renforcer la lutte contre le groupe djihadiste Etat islamique (EI).

La Turquie, alliée d’Israël jusque dans les années 2000

La Turquie était une alliée régionale capitale d’Israël jusque dans les années 2000. Leurs relations se sont ensuite progressivement détériorées, avant d’être réduites de manière drastique en 2010 en réaction à l’assaut meurtrier lancé par des commandos israéliens contre le Mavi Marmara, un navire affrété par une ONG humanitaire turque pour tenter de briser le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza. Cette opération s’était soldée par la mort de dix Turcs. Le ferry faisait partie d’une flottille internationale de six bateaux chargée d’aide humanitaire.

Israël avait présenté ses excuses en 2013 mais les tensions s’étaient ravivées l’année suivante avec une nouvelle offensive israélienne dans la bande de Gaza.

Ankara avait posé trois conditions à une normalisation des relations : des excuses publiques pour l’assaut, des indemnisations financières pour les victimes et la levée du blocus de Gaza, contrôlée par le Hamas.

Israël impose un strict contrôle sur les livraisons vers l’enclave palestinienne pour empêcher le mouvement islamiste Hamas de recevoir du matériel susceptible de servir à mener des attaques contre l’Etat hébreu. Celui-ci contrôle toutes les entrées et sorties de biens et de personnes de Gaza, à l’exception du terminal de Rafah, vers l’Egypte, que Le Caire tient fermé en quasi-permanence.

Les deux premières conditions ont été partiellement satisfaites et un compromis semble avoir été trouvé sur l’acheminement de l’aide turque aux habitants de Gaza via le port israélien d’Ashdod plutôt que de l’envoyer directement à cette enclave palestinienne, selon Ankara.

M. Nétanyahou était soumis à des pressions en Israël pour ne pas signer cet accord sans que le Hamas s’engage à restituer les corps de deux soldats israéliens tués à Gaza en 2014 mais aussi à libérer deux Israéliens présumés vivants et détenus par le mouvement islamiste. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accepté, selon le responsable israélien, d’apporter son aide sur cette question.

Au cours des dernières semaines, les deux ex-alliés régionaux s’étaient rapprochés. M. Erdogan avait déclaré récemment que « les Palestiniens, Israël et nous avons beaucoup à gagner à ce processus de normalisation »