Des gendarmes appréhendent un manifestant pendant un rassemblement contre la loi travail le 23 juin. | STEPHANE MAHE / REUTERS

Un nouveau rassemblement contre la loi travail – le onzième – est organisé à Paris, mardi 28 juin, jour du vote du texte au Sénat. Si nul ne peut présager de l’issue de cette manifestation – elle partira de la place de la Bastille et se terminera place d’Italie –, ses préparatifs auront fait moins parler d’eux que ceux du défilé de la semaine précédente, interdit puis autorisé in extremis dans des conditions drastiques.

Jeudi 23 juin, au terme de quatre jours de négociations, les manifestants avaient dû se contenter du tour du bassin de l’Arsenal depuis la place de la Bastille. Ce dispositif inhabituel, un compromis entre le défilé classique et le rassemblement statique voulu par la préfecture de police, était une réponse aux débordements violents survenus lors de la manifestation parisienne du 14 juin.

Faut-il voir dans cette sérénité retrouvée une conséquence de la bonne tenue du rassemblement du 23 juin ? Au terme de ce dernier, jeudi, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, s’est en tout cas réjoui qu’il n’y ait « pas eu de casse, pas de heurt, pas un blessé, pas une grenade lacrymogène de lancée ».

2 500 policiers mobilisés, un record

Pour organiser cette nouvelle journée de mobilisation, les syndicats et la préfecture de police se sont vite entendus sur le parcours. Le premier itinéraire présenté – de la Nation à la place d’Italie – a été jugé trop long par les autorités, trop gourmand en effectifs et donc difficile à sécuriser. L’alternative Bastille-place d’Italie a mis tout le monde d’accord. Plus de 2 500 policiers – un record – seront mobilisés pour sécuriser les 2,8 kilomètres du parcours.

Depuis le début des protestations contre la loi El-Khomri, en mars, les débordements n’ont fait qu’aller crescendo à Paris, comme en province. Dans la capitale, la violence a atteint son paroxysme mardi 14 juin. Ce jour-là, une dizaine de manifestants, ainsi qu’une trentaine de policiers ont été blessés. Mais ce sont surtout les images de cet homme frappant les vitres de l’hôpital Necker à coups de masse, diffusées largement sur les réseaux sociaux, qui ont marqué les esprits.

Cinq jours plus tard, le premier ministre, Manuel Valls, annonçait, dans le Journal du Dimanche, que « le gouvernement [prendrait] ses responsabilités » si « les manifestations [faisaient] peser de nouveau un danger pour les forces de l’ordre et les biens publics ».

Les négociations ont été tendues. Les syndicats refusaient de reporter la manifestation, et s’opposaient catégoriquement à l’idée du rassemblement statique voulu par la préfecture de police. Quant aux deux parcours alternatifs proposés, plus courts en distance, aucun ne satisfaisait vraiment les autorités. L’annonce de l’interdiction fut prononcée mercredi 22 juin, à 9 heures. Elle provoqua un tollé mais trois heures plus tard, un accord était trouvé.

Empêcher l’infiltration des casseurs

Le dispositif de maintien de l’ordre mis en place le 23 juin devrait être sensiblement identique pour cette nouvelle manifestation du 28. Les barre-ponts (ces imposantes grilles de maintien de l’ordre hautes de plusieurs mètres) seront à nouveau disposées en amont du cortège pour faciliter le filtrage des manifestants.

Ces derniers sont d’ailleurs invités à venir sans sac à dos et sont prévenus que tout objet susceptible d’être utilisé comme projectile sera saisi. Des contrôles seront effectués tout le long du parcours pour empêcher les casseurs de s’introduire dans le défilé.

Enfin, comme la semaine passée, une centaine d’arrêtés d’interdiction de paraître ont été signifiés à des personnes, majoritairement franciliennes, connues des services de police.

Malgré toutes ces mesures, le ministère de l’intérieur et la préfecture de police de Paris n’excluent pas que des éléments perturbateurs viennent faire parler d’eux. Des petits groupes de policiers seront dispersés dans tout Paris pour pouvoir intervenir le plus rapidement possible en cas de débordement. La méthode a fait ses preuves : jeudi 23 juin, deux groupes, dont un de 200 personnes, avaient été dispersés du côté de la Bourse et à proximité de la gare de Lyon.