Lors d’une manifestation contre la loi travail à Lyon le 26 mai. | JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

Les syndicats opposés à la loi travail manifesteront finalement jeudi 23 juin à Paris au terme d’un bras de fer avec le gouvernement, qui a prévenu qu’il ne tolérerait aucun débordement.

Initialement, le défilé parisien n’était pas censé être une date clé de la mobilisation contre le projet de loi El Khomri, dans un contexte d’essoufflement du mouvement lancé début mars. Mais les menaces d’interdiction, émises par François Hollande et Manuel Valls au nom de la « sécurité » après la manifestation nationale du 14 juin, puis l’annonce de l’interdiction, ont changé la donne. Elles ont suscité un tollé côté syndical et politique.

« Ca nous a fait de la publicité. Je ne pense pas que c’était le but recherché », a ironisé Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière (FO). Il défilera jeudi à partir de 14 heures aux côtés de six autres syndicats (CGT, Solidaires, FSU, UNL, UNEF, FIDL).

Un parcours de moins de 2 kilomètres, des contrôles renforcés

Le parcours, proposé par le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve, sera resserré sur 1,6 km. Il démarre de la place de la Bastille, tourne autour du bassin de l’Arsenal puis revient à la célèbre place. A l’origine, les syndicats voulaient marcher de Bastille à Nation. Mais la préfecture de police de Paris avait proposé un rassemblement « statique » place de la Nation afin de « mieux sécuriser la manifestation ».

La pression est montée d’un cran mercredi, lorsque la préfecture a interdit la manifestation, une première depuis 1962, avant une volte-face du ministère de l’intérieur.

Bernard Cazeneuve a finalement averti qu’« aucun débordement, aucune violence, ne sera toléré » jeudi. Pour Manuel Valls, « chacun devra faire preuve de la plus grande responsabilité afin d’éviter que les violences ne se reproduisent ».

Plus de 2 000 fonctionnaires de police seront mobilisés et des mesures d’« interdictions de paraître » ont été prises contre « une centaine de personnes », selon le préfet de police de Paris, Michel Cadot. Des contrôles seront réalisés en amont, sur les avenues et boulevards menant à la place de la Bastille, de manière à éviter que des projectiles ou des « déguisements », ce sont les termes du préfet, ne soient apportés par les manifestants. M. Cadot rappelle que le port d’un masque ou d’un foulard qui dissimulerait le visage est strictement interdit.

La CGT et FO ont annoncé un renforcement de leurs services d’ordre. Mais n’en démordent pas : à eux la sécurisation à l’intérieur des cortèges, les forces de l’ordre sécurisant l’extérieur. Huit organisations, dont la CGT, FSU, Solidaires et la Ligue des droits de l’homme, réclament en outre l’ouverture d’une enquête parlementaire sur les « dysfonctionnements » du maintien de l’ordre et « les choix opérés par le ministère de l’intérieur » lors des précédentes manifestations.

Pas de perturbation à la SNCF, retards possibles dans les airs

Aucune perturbation n’est prévue à la SNCF pour ce dixième appel national à grèves et manifestations contre le projet de loi depuis mars. L’Aviation civile qui attend « des retards possibles », n’a pour sa part pas donné de consigne de réduire le nombre de vols aux compagnies aériennes. La compagnie à bas coûts easyJet a néanmoins préventivement annulé une soixantaine de vols.

Dans le reste de la France, des cortèges défileront à Rennes, Toulouse, Bordeaux, Lille, Lyon, Grenoble ou Marseille. Pour l’intersyndicale, le mot d’ordre reste inchangé : retrait du projet de loi de réforme du code du travail, insuffisamment protecteur pour les salariés, selon elle.