Le député europhobe britannique Nigel Farage (au premier plan) en compagnie du président de la Comission européenne, Jean-Claude Juncker, pendant la session extraordinaire du Parlement européen à Bruxelles, mardi 28 juin 2016. | GEERT VANDEN WIJNGAERT / AP

Le député europhobe britannique Nigel Farage, une des figures majeures du vote en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), a savouré mardi 28 juin la victoire du « Brexit » devant ses collègues du Parlement européen, réunis en session extraordinaire à Bruxelles pour le vote d’une résolution après le référendum britannique. Provoquant de copieuses huées.

« N’est-ce pas drôle, quand je suis venu ici [à Bruxelles] il y a dix-sept ans en disant vouloir mener une campagne pour faire sortir le Royaume-Uni de l’UE, vous avez tous ri de moi. Vous ne riez plus maintenant, n’est-ce pas ? », a lancé le président du United Kingdom Independence Party (UKIP– « Parti de l’indépendance du Royaume-Uni ») devant des eurodéputés, accueilli à la fois par des huées et quelques applaudissements.

M. Farage a ensuite pris à parti l’hémicycle, accusant ses collègues d’être « dans le déni ». « Je fais une prédiction : le Royaume-Uni ne sera pas le dernier Etat membre à quitter l’UE », a-t-il assuré.

Cependant, comme le réclament les dirigeants européens, celui dont les diatribes anti-immigration ont été l’un des moteurs de la campagne en faveur du « Brexit » a estimé que la décision de notifier le départ du Royaume-Uni, et ainsi d’activer la clause de retrait du traité de Lisbonne de 2009, devait être rapidement prise.

Il ne faut pas imiter les membres du UKIP

Il a ensuite exhorté ses collègues à avoir une attitude « adulte et sensée » dans les négociations à venir, avant de les accuser de n’avoir « jamais eu un vrai emploi, jamais travaillé dans les affaires ou le commerce, ni jamais créé le moindre emploi dans leur vie ». Cette sortie lui a valu d’être bruyamment vilipendé par l’hémicycle, et rappelé à l’ordre par le président du Parlement, Martin Schulz. Ce dernier a aussi demandé aux eurodéputés de ne pas agir « comme le font en général les membres du UKIP dans cette chambre ». « Ne les imitez pas », a-t-il intimé.

M. Farage, très en verve, a également exhorté les eurodéputés à négocier un accord commercial avec Londres de façon responsable, leur affirmant qu’ils avaient bien plus à perdre que les Britanniques. Selon lui, « même l’absence d’un accord serait toujours préférable pour le Royaume-Uni à l’accord actuel, pourri ».

« Vous n’allez pas revenir »

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, lance aux députés du UKIP : « C’est la dernière fois que vous applaudissez ici », lors de la session extraordinaire du Parlement européen, le 28 juin 2016. | Capture d'écran Reuters

« J’ai aimé, M. Farage, débattre avec vous, nous avons le même sens de l’humour, vous en avez, j’en ai. Je regrette beaucoup que ce soit la dernière fois que nous puissions débattre, car vous n’allez pas revenir », lui a répondu, agacé, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Le Luxembourgeois a prié, quant à lui, les responsables politiques britanniques de préciser au plus vite leurs intentions après la victoire des partisans du « Brexit » au référendum de jeudi, s’attirant des applaudissements appuyés des rangs du parti europhobe britannique UKIP, auxquels il n’est pas habitué. A tel point qu’il s’est finalement retourné vers eux, passablement énervé, et a lancé, en anglais, « c’est la dernière fois que vous applaudissez ici », provoquant des rires, puis une salve d’applaudissements nourris dans la chambre.

« Dans une certaine mesure, je suis vraiment surpris de vous voir ici », a exprimé M. Juncker. « C’est un plaisir », a rétorqué avec ironie M. Farage. « Vous vous battez en faveur de la sortie. Le peuple britannique a voté en faveur de la sortie. Que faites-vous là ? », a poursuivi le président de la Commission, toujours en anglais, et sortant du cadre de son discours.