Des opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes écoutent les résultats du référendum, dimanche 26 juin, à La Vache rit, lieu historique de la contestation. | LOIC VENANCE / AFP

Les écologistes ne sont pas à la fête. Dimanche 26 juin, les habitants de Loire-Atlantique ont dit oui à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, lors d’un référendum organisé par le gouvernement pour sortir de l’impasse ce dossier vieux de cinquante ans. Le score est sans appel : 55,17 % de réponses positives avec un taux de participation important de 51 %. « C’est une bataille perdue pour l’écologie », a reconnu la députée de Paris Cécile Duflot, lundi, sur France Inter. « Une défaite », a concédé David Cormand, secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV). « Une bien mauvaise nouvelle de plus pour la biodiversité qui n’en a pas besoin », a réagi Nicolas Hulot sur Twitter.

François de Rugy, député écologiste de Loire-Atlantique, se dit aussi « déçu ». « Ça montre qu’il y a un clivage politique, indique-t-il. C’est un projet qui divise plus qu’il ne rassemble. » Quant au député européen EELV Yannick Jadot, il a regretté sur Twitter « une consultation totalement biaisée » et « un résultat illégitime ».

Ce référendum inédit en France avait été annoncé par François Hollande le 11 février, lorsque trois écologistes avaient fait leur entrée dans le gouvernement de Manuel Valls. Mais le périmètre retenu – la seule Loire-Atlantique – avait été fortement critiqué par les opposants au projet qui le jugeaient plus favorable au oui. « Les dés étaient pipés d’avance et tout a été fait pour que le oui gagne », a regretté EELV dans un communiqué. « Ça a l’apparence de la démocratie mais ça reste une façon de passer en force », estime M. Cormand.

« Ce ne sont pas les zadistes qui votent »

Mercredi, une grosse délégation d’élus écologistes, dont Cécile Duflot, Yannick Jadot, sa collègue du Parlement européen Eva Joly, ou encore Noël Mamère, député de Gironde, avaient fait le déplacement à Notre-Dame-des-Landes pour soutenir le camp du non.

Ronan Dantec, sénateur EELV de Loire-Atlantique, pointe de son côté les résultats à Nantes, où le vote a été très partagé. Le oui ne l’a emporté que d’une centaine de voix à 50,06 %. « A Nantes, c’est la gauche qui a voté non, c’est un sacré signal », souligne M. Dantec. Un revers pour la maire de Nantes, Johanna Rolland, qui avait fait campagne pour le oui. « C’est un petit sujet pour elle », relève aussi M. Cormand qui se dit surpris par ce score. Ce dernier estimait que les Nantais, impactés par le bruit de l’actuel aéroport, seraient « les premiers intéressés » par son transfert à Notre-Dame-des-Landes. « Or, on voit que c’est très serré, note le numéro un d’EELV. Regardez aussi le résultat sur le territoire d’accueil de Notre-Dame-des-Landes, il y a une très grosse opposition. Les premiers concernés ne sont pas convaincus et ce ne sont pas les zadistes qui votent. »

M. Dantec appelle maintenant le gouvernement à « se donner un peu de temps ». Les écologistes mettent en garde l’exécutif sur les suites qu’ils entendent donner à ce vote. Tous se sont empressés de rappeler à François Hollande sa promesse de ne pas engager les travaux tant que tous les recours juridiques ne sont pas épuisés. « La légitimité, c’est une chose, la légalité en est une autre, rappelle M. de Rugy. Tous les problèmes ne sont pas réglés comme par enchantement. »

« Course à l’autoritarisme »

Dimanche, Manuel Valls a pourtant prévenu que « les personnes qui occupent illégalement le site du nouvel aéroport devront partir d’ici le début des travaux ». Ces derniers, avait-il réaffirmé avant le vote, commenceront « à l’automne », soit quelques mois avant la présidentielle. « Je ne vois pas comment l’Etat peut expulser, ce serait une folie », s’alarme M. Dantec. M. Cormand est cependant sceptique. « On ne peut pas dire que ce gouvernement soit dans une logique d’apaisement mais plutôt dans une course à l’autoritarisme, juge-t-il. Pour un certain nombre de membres d’entre eux, il y a une volonté d’accélérer et d’en découdre. »

Lundi matin, la ministre de l’environnement, Ségolène Royal, a indiqué que des discussions avaient été entamées entre Manuel Valls et le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, en vue d’une évacuation. « Ceux qui ont voté oui l’attendent », a-t-elle ajouté, estimant que « ce problème a duré beaucoup trop longtemps ».