Aux assises de Versailles, le procureur a requis, mercredi 22 juin, une peine de dix-huit années de réclusion criminelle à l’encontre d’un pédophile français accusé d’avoir violé ou agressé sexuellement soixante-six garçons mineurs au Sri Lanka, en Tunisie et en Egypte. L’accusation a également demandé que l’accusé fasse l’objet d’un suivi judiciaire.

Thierry Darantière, 52 ans, est jugé depuis lundi dans ce dossier « hors norme », selon les enquêteurs, le parquet et les associations présentes. L’homme a reconnu les faits, sans pouvoir évaluer le nombre de ses victimes ni exclure qu’elles puissent être plus nombreuses.

Repéré par le FBI en 2011

Le FBI, la police fédérale américaine, avait repéré cet ancien directeur d’une maison de retraite catholique des Yvelines sur Internet en 2011, et la police française l’avait interpellé l’année suivante.

En une dizaine d’années, quarante et une victimes âgées de 6 à 17 ans ont été recensées en Tunisie, dix-neuf au Sri Lanka, et six de 12 à 17 ans en Egypte. Si la Tunisie et l’Egypte avaient coopéré, d’autres victimes auraient sans doute été identifiées, selon les enquêteurs. « Un chiffre affolant », a reconnu l’accusé devant les assises.

Des milliers de photographies

Dans les disques durs saisis chez l’accusé, les enquêteurs ont trouvé des milliers de photographies et des centaines de vidéos le mettant en scène avec des mineurs, lors de voyages en Tunisie, en Egypte et au Sri Lanka, où il s’était rendu à de nombreuses reprises après le tsunami de 2004 pour le compte de deux associations humanitaires.

Dans ce dossier, « rien ne sauve, tout accable », a lancé l’avocat général à la cour.

« Ces viols, par leur durée, leur fréquence, le cynisme [de l’accusé], le contexte humanitaire, sont hors norme. »

L’accusé « n’a fait autre chose que de consommer, réduire les enfants au statut d’objet de plaisir (…) et d’objet de vice », « vice dont l’escalade n’a été stoppée que grâce à son interpellation », a lâché l’avocat général. Certains sévices « se rapprochent dangereusement » d’actes de tortures et de barbarie, a-t-il ajouté.

L’accusé défend une « quête de son orientation sexuelle »

« Cynique », « manipulateur », Thierry Darantière s’est « fabriqué une couverture avec son engagement humanitaire », a estimé l’avocat général.

L’accusé a tenté d’expliquer ses actes par une « quête de son orientation sexuelle » sur fond d’homosexualité refoulée dans une famille catholique pratiquante. Argument « absolument irrecevable », balayé par l’avocat général.