Le ministre des finances, Michel Sapin, à Bercy, le 24 juin. | ERIC PIERMONT / AFP

Après le vote des Britanniques en faveur d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, il n’y a « pas d’inquiétude particulière » à avoir pour la croissance de l’économie française, a assuré, vendredi 24 juin, le ministre des finances, Michel Sapin. Les économistes ne sont pas forcément aussi optimistes, sans verser dans le catastrophisme.

Selon Euler Hermes, la perte de croissance se situerait entre 0,2 et 0,4 point de PIB. « Entre 0,2 et 0,3 point de PIB, confirme Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque. Donc relativement modéré, du moins, si l’on évite une panique financière qui ferait grimper les taux d’intérêt et compliquerait les levées d’argent des entreprises… »

Le poids de l’incertitude

Si les conséquences de ce vote restent délicates à chiffrer, tant un tel scénario relève d’un saut dans l’inconnu, l’impact ne serait pas négligeable pour l’Hexagone, ne serait-ce qu’en raison de l’incertitude qu’elle générerait.

« Les négociations pour déterminer le nouveau statut du Royaume-Uni, qui pourraient durer deux ans, et l’instabilité juridique qui en découlerait pèseraient sur les entreprises », souligne Axelle Lacan, économiste à l’institut de conjoncture Coe-Rexecode.

A court terme, c’est la dépréciation de la devise britannique qui pourrait grever la croissance tricolore. « Selon le recul de la livre, de 10 % à 30 %, les exportations vers le Royaume-Uni reculeraient de 5 % à 15 %, avec des conséquences de 0,4 à 1,2 point sur le volume total des exportations françaises », détaille Mme Lacan.

En 2015, Londres figurait au cinquième rang des pays destinataires des exportations françaises de biens (31,5 milliards d’euros, 7 % du total) et au huitième rang de ses fournisseurs (19,6 milliards d’euros d’importations, soit 4 % du total). Surtout, la France enregistre avec le Royaume-Uni son plus important excédent commercial.

L’impact sur les exportations et les investissements

« En cas d’absence d’accord de libre-échange avec Londres, qui impliquerait le retour à des tarifs douaniers par secteur, le Brexit pourrait coûter jusqu’à 3,2 milliards d’euros de pertes additionnelles à la France d’ici à 2019, soit 0,5 % du total des exportations tricolores », estime de son côté Ana Boata, économiste chez Euler Hermes.

Les secteurs les plus touchés seraient les principaux exportateurs vers le Royaume-Uni : la chimie (- 0,5 milliard d’euros, selon Euler Hermes), les machines et équipements (- 0,5 milliard) et l’industrie agroalimentaire (- 0,4 milliard).

S’y ajoutent les perturbations qu’un Brexit ne manquera pas de provoquer sur les investissements entre les deux pays. « Dans un scénario de sortie défavorable, les deux pays pourraient être amputés de 5 milliards d’euros d’investissements mutuels », calcule Mme Boata.