Des militants opposés au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes réagissent aux résultats du référendum, le 26 juin. | LOIC VENANCE / AFP

Les habitants de Loire-Atlantique ont dit oui, dimanche 26 juin, à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, en votant à 55,17 % en faveur de ce projet controversé. L’exécutif, qui espérait ainsi débloquer un dossier vieux d’un demi-siècle, a promis dans la foulée de lancer les travaux à l’automne. Le président François Hollande s’est aussitôt « félicité du succès de cette consultation, comme en témoigne la participation importante », 51,08 %, et a promis que le résultat du référendum « sera respecté ».

Pour Europe écologie - Les Verts, ce résultat n’est « pas une surprise ». « Nous l’avons toujours dit : cette consultation est illégitime », souligne le parti écologiste.

« Tout a été fait pour que le « OUI » gagne : une consultation sur le seul département de Loire-Atlantique, une campagne inéquitable avec des moyens de collectivités mobilisés en toute illégalité, jusqu’aux amalgames répétitifs entre ZAD et violence pour activer un vote de peur. Cette consultation est de plus anachronique : elle intervient alors que le rapport de la mission Royal a conclu au surdimensionnement du projet.« 

« Défaite » qui « est difficile à encaisser »

Pour David Cormand, secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts, ce résultat est une « défaite » qui « est difficile à encaisser ».

« Si le non l’avait emporté, je pense que ça clôturait le débat. Mais le fait que le oui l’ait emporté, ça ne résout pas la question, parce qu’il reste le problème des recours juridiques. Et puis il reste cette contradiction fondamentale entre la COP21, dans laquelle s’est engagée la France, et ce projet qui est contradictoire. (…) On va continuer à s’opposer à ce projet parce qu’il est contraire à l’intérêt collectif. Et l’intérêt collectif dépasse les frontières de la Loire-Atlantique. »

« C’est une bataille perdue pour l’écologie », a estimé la députée EELV Cécile Duflot, ancienne ministre du logement. « Est-ce que c’est un projet bon pour l’écologie et bon pour le développement local ? Je pense que non. Et je pense que non sur des éléments fondés ». « Vous savez pourquoi cet aéroport a été lancé ? Il a été lancé pour Concorde. (...) On a rhabillé un projet », a-t-elle poursuivi.

François de Rugy, député de Loire-Atlantique et vice-président de l’Assemblée nationale, fondateur du parti Ecologistes !, s’est dit « déçu sur le fond ». Ce résultat « montre un département de Loire-Atlantique assez divisé ». « La réponse à la question de la légitimité de ce projet, elle a été donnée hier par le référendum, mais la réponse à la question de la légalité est tout autre. Ce sont les tribunaux qui trancheront un certain nombre de recours. »

L’eurodéputé EELV Yannick Jadot a lui aussi dénoncé aussi un vote « illégitime » :

« Le gouvernement fera appliquer le verdict des urnes »

Le premier ministre Manuel Valls a de son côté salué la victoire du oui et « le taux exceptionnel de participation de 51 %, validant l’intérêt de cette consultation ». « La démocratie a parlé. Elle a validé le projet de transfert d’aéroport déclaré d’utilité publique en 2008 », a-t-il ajouté. « Le gouvernement fera appliquer le verdict des urnes », a-t-il encore prévenu, précisant que « les travaux préparatoires à la réalisation du nouvel aéroport s’engageraient dès l’automne prochain ».

« Les personnes qui occupent illégalement le site du nouvel aéroport devront partir d’ici le début des travaux. L’autorité de l’Etat et les lois de la République s’appliqueront à Notre-Dame-des-Landes comme partout ailleurs dans le pays. »

Le ministre des affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, ancien maire socialiste de Nantes, a salué « un vote clair, sur un projet qui a fait l’objet de tant de contestation ». « Maintenant que le résultat est là, que la participation est très significative et très forte et que le résultat est net, la moindre des choses est de respecter le vote des citoyens », a ajouté M. Ayrault, partisan de longue date du transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique vers le site de Notre-Dame-des-Landes, à une vingtaine de kilomètres au nord de l’agglomération.

« C’est un résultat sans aucune ambiguïté (…) qui oblige le gouvernement à engager les travaux », a déclaré Philippe Grosvalet, président socialiste du conseil départemental.
« Il faut désormais agir vite. Il faut d’abord évacuer la ZAD, qui est une zone de non droit, et ensuite il faut commencer les travaux », a également réclamé Bruno Retailleau, président (Les Républicains) de la région des Pays de la Loire, qui doit être reçu lundi par M. Valls.