Le député européen et fondateur du Front national, Jean-Marie Le Pen. | VINCENT KESSLER / REUTERS

Le Parlement européen réclame 320 000 euros à Jean-Marie Le Pen, soupçonné d’avoir employé aux frais de l’Union européenne un assistant parlementaire dont il ne peut fournir « la preuve du travail », et a réduit ses indemnités d’eurodéputé, a appris l’Agence France-Presse (AFP) mercredi 22 juin de sources concordantes.

Dans un document que l’AFP s’est procuré, confirmant des informations de Challenges, le secrétaire général du Parlement, Klaus Welle, réclame à Jean-Marie Le Pen le remboursement de 320 026,23 euros qui lui auraient été « indûment » versés pour rémunérer son assistant parlementaire, Jean-François Jalkh, entre 2009 et 2014.

Car il remarque que M. Jalkh, aujourd’hui député européen, avait dans le même temps été employé comme « assistant parlementaire local » ou en tant que « prestataire de service » pour « participer au contrôle des comptes de campagne » du Front national (FN).

« Pour l’ensemble de la septième législature, M. Le Pen ne fournit ni explication ni preuve du travail d’assistance parlementaire réalisé par M. Jalkh », explique Klaus Welle.

Une indemnité réduite de moitié

Selon l’entourage de Jean-Marie Le Pen, ce dernier s’est vu réduire de moitié le montant de son indemnité de député européen, qui passe donc de 6 200 euros à 3 100 euros mensuels net, et la totalité de son enveloppe de frais généraux, de 4 300 euros, a été supprimée depuis le début de mai.

Son avocat, Me Frédéric Joachim, qui dit avoir formulé des recours « devant le tribunal de première instance de l’UE », s’est insurgé contre « le caractère illégal et injuste de cette décision ».

Une enquête ouverte sur une vingtaine d’assistants fictifs

Une somme de 380 000 euros est également réclamée, pour des faits similaires, à Bruno Gollnisch, lui aussi député européen du Front national, a ajouté une source proche du dossier et « d’autres eurodéputés FN » devraient suivre. L’intéressé n’a pas confirmé le montant et a dénoncé jeudi 23 juin une « persécution ».

Le parquet de Paris a ouvert en mars 2015 une enquête sur les salaires versés, sur des fonds européens, à une vingtaine d’assistants d’élus FN, soupçonnés d’avoir été employés de manière fictive au Parlement de Strasbourg. Le Parlement avait au préalable saisi l’Organisme européen de lutte antifraude (OLAF).