Des gendarmes marchent au milieu du campement de migrants de la halle Pajol, à Paris, pendant son évacuation, le 29 juin 2016. | MATTHIEU ALEXANDRE / AFP

Un campement de plusieurs centaines de migrants, qui s’était reconstitué à Paris devant la halle Pajol, dans le 18e arrondissement de Paris, théâtre l’an dernier d’un démantèlement musclé, a commencé à être évacué dans le calme mercredi 29 juin, peu avant 6 h 30, ont constaté des journalistes. L’opération est menée par la préfecture de région, la préfecture de police, la Ville de Paris, les associations Emmaüs et France Terre d’asile et l’Office français de l’intégration et de l’immigration (OFII).

Le campement, qui avait commencé à se reconstituer à la mi-juin, comptait environ 500 occupants, selon une estimation de la préfecture de région mardi. Les migrants, essentiellement soudanais, afghans et érythréens, ramassaient leurs affaires dans les tentes et se pressaient pour monter dans les bus et être conduits dans 70 centres d’hébergement en Ile-de-France. A proximité, plusieurs dizaines d’autres migrants étaient massées derrière un cordon policier, espérant rejoindre la halle pour être emmenés vers des centres d’hébergement.

25e opération depuis juin 2015

« Il y a une mobilisation extraordinaire de l’Etat et de la Ville de Paris », a salué Bruno Morel, directeur général d’Emmaüs France. « Mais Paris ne peut pas tout concentrer, sinon on va à l’explosion. Il faut qu’on arrive à une approche nationale. » Le préfet d’Ile-de-France, Jean-François Carenco, affirmait de son côté avoir « du mal à comprendre le niveau d’exigence des gens » :

« Beaucoup ont connu la guerre ou la dictature et ne veulent pas aller en province ou dans un centre d’hébergement en Ile-de-France. »

Il s’agit de la 25e opération de ce type depuis juin 2015, concernant au total plus de 11 300 personnes. Le 8 juin 2015, la halle Pajol avait été le théâtre d’une dispersion très critiquée, notamment par le Défenseur des droits, Jacques Toubon. Il avait « fermement » dénoncé une opération menée « sans respect du cadre légal » et recommandé « que de telles interventions ne se renouvellent pas ».

Depuis, les campements se sont régulièrement reconstitués dans ces quartiers proches de la gare du Nord, débouchant à chaque fois sur une opération de mise à l’abri. Depuis trois semaines, près de 1 900 personnes ont ainsi été évacuées des jardins d’Eole voisins (le 6 juin) et près de 400 de l’esplanade entre les stations de métro Stalingrad et La Chapelle (le 16).