Bernie Sanders et Hillary Clinton à Portsmouth, dans le New Hampshire. | MARY SCHWALM / REUTERS

Voilà trente-six jours que Hillary Clinton attendait ce moment, depuis la fin de la primaire démocrate et de l’obtention du nombre de délégués suffisants pour être investie par le parti. « Elle sera la candidate démocrate pour la présidence et j’ai l’intention de faire tout mon possible pour garantir qu’elle soit la prochaine présidente des Etats-Unis », a enfin déclaré, mardi 12 juillet, Bernie Sanders, lors d’un meeting commun dans le New Hampshire.

En 2008, lorsque le vainqueur de la primaire démocrate, Barack Obama et la vaincue, Hillary Clinton, avaient choisi de faire converger leur campagne pour la dernière ligne droite de l’élection, c’était à Unity, déjà dans New Hampshire. Huit ans plus tard, les deux finalistes n’ont pas été jusqu’à cette symbolique. C’est d’un lycée de Portsmouth que le ralliement a été scellé. Comme s’il y avait encore besoin de pédagogie, après un ralliement tardif et poussif, pour convaincre les 13 millions d’électeurs de M. Sanders de se ranger derrière la candidate qui sera investie dans moins de deux semaines lors de la convention démocrate de Philadelphie (Pennsylvanie).

« Traité de paix »

Le « traité de paix » a été finalisé vendredi et samedi dans un hôtel d’Orlando (Floride) où 187 délégués des deux camps ont travaillé à une ébauche de plate-forme électorale censée être approuvée lors de la convention. Si l’empreinte des idées de M. Sanders est importante, le sénateur du Vermont a dû faire également des concessions. C’est le cas dans le domaine du libre-échange. Il a dû renoncer à ce qu’une opposition ferme au Traité transpacifique, signé entre les Etats-Unis et onze pays d’Amérique latine et d’Asie, soit marquée noir sur blanc. Les militants de M. Sanders devront se contenter de la position plus floue entretenue jusqu’à présent par Mme Clinton, qui réclame des améliorations, sans toutefois condamner un accord qui a été porté à bout de bras par Barack Obama.

En revanche, M. Sanders a obtenu gain de cause pour demander un relèvement du salaire minimum fédéral à 15 dollars avec une indexation sur l’inflation, alors que Mme Clinton prônait jusqu’à présent 12 dollars. De même, sur le climat, l’introduction d’une taxe carbone et l’interdiction de la fracturation hydraulique pour extraire le pétrole et le gaz de schiste, réclamées par M. Sanders, font désormais partie de la plate-forme électorale. Des mesures pour la gratuité à l’université, un accès élargi à l’assurance-maladie et une réforme du système judiciaire allant dans le sens d’un contrôle plus strict des bavures policières et l’abolition de la peine de mort indiquent que le programme démocrate s’est sensiblement « gauchisé ».

« Nous ne sommes pas d’accord sur de nombreux sujets, mais c’est ainsi que la démocratie fonctionne », a expliqué M. Sanders, qui estime néanmoins qu’il s’agit de « la plate-forme électorale la plus progressiste de l’histoire du Parti démocrate », assurant que « la révolution politique » qu’il a enclenchée allait « se poursuivre pour transformer l’Amérique ».

45 % des supporteurs de Sanders favorables à Clinton

Les avancées obtenues ont permis le ralliement, lundi 11 juillet, du syndicat des télécoms, Communications Workers of America, qui avait soutenu M. Sanders pendant les primaires. De même le Progressive Action PAC, l’organisation qui a pour but de faire élire les candidates progressistes au Congrès appelle lui aussi à se ranger désormais derrière Mme Clinton.

Mais pour les militants, il y aura encore sans doute du travail pour les convaincre de se ranger derrière la candidate. Un récent sondage réalisé pour le Wall Street Journal et NBC News montre que seulement 45 % des supporteurs de M. Sanders ont une image positive de Mme Clinton, un tiers ayant même une image négative. Ils sont aussi plus d’un tiers à être prêt à soutenir un autre candidat : 14 % iraient vers le représentant du Green Party, Jill Stein, 8 % vers le libertarien Gary Johnson et même 9 % voteraient Donald Trump.

Or, Mme Clinton a plus que jamais besoin de faire le plein des voix démocrates, alors que les derniers sondages ne lui donnent en moyenne qu’un peu plus de quatre points de pourcentage d’avance sur le candidat républicain. Elle a d’ailleurs profité du meeting de Portsmouth pour copieusement attaquer son rival, dont les propositions fiscales et économiques qui ne feront qu’« augmenter les déficits » et « bénéficier aux plus riches ». « Donald Trump dit que son programme est “inspiré”, “formidable”, “extraordinaire”, il utilise beaucoup d’adjectifs pour éviter de rentrer dans les détails (…), mais comme le dicton dit, “vous pouvez mettre du rouge à lèvres à un cochon, ça reste un cochon” », a-t-elle ironisé. La question reste de savoir combien d’électeurs de Bernie Sanders pensent que le proverbe peut aussi s’appliquer à la future nominée.