De l’Islande à Marseille, de l’animation au réel, de moult chefs-d’œuvre du passé aux rares joyaux des nouveautés : tel est le feu d’artifice cinématographique du 14 juillet.

TROUBLE DANS LA FILIATION : « Sparrows », de Rúnar Rúnarsson

SPARROWS (2015) - Official Trailer
Durée : 01:58

Les films de l’Islandais Rúnar Rúnarsson se plaisent à des âges frontières : l’aube de l’âge adulte et son champ des possibles trop étendu pour les jambes adolescentes encore frêles, et son crépuscule – un combat de l’ombre et de la lumière dans les yeux des presque vieux, qui entrevoient au bout du champ, debout contre la clôture, la mort qui patiente. La vie devant soi, la vie derrière : le même vertige, vécu d’une rive puis de l’autre, d’où les héros de Rúnar Rúnarsson semblent s’observer et se comprendre en silence, les vieux d’un côté, les jeunes de l’autre. Au début du film, l’adolescent fait à contrecœur ses adieux à sa mère, qui le renvoie quelque temps chez son père, avec lequel il ne vit plus depuis six ans. Le fils voudrait aimer le père, mais il n’est pas simple de se reprendre d’affection pour ce quadragénaire taiseux qui vit des rentes de sa propre mère, en feignant de travailler entre deux beuveries. Le père aime le fils et ne sait pas le dire. Noémie Luciani

Film islandais, danois et croate de Runar Runarsson, avec Atli Oskar Fjalarsson, Ingvar Eggert Sigurðsson… (1h39.)

CHEFS-D’ŒUVRE EN OPTION : cinq avantageuses reprises estivales

LA GRANDE VADROUILLE - Version restaurée - Bande annonce 2016
Durée : 01:32

Il est rare que cinq reprises, toutes hautement recommandables, sortent le même jour sur les écrans. Idéales pour divertir la vacuité estivale, les voici, par ordre d’apparition. Vacances à Venise (1955) de l’Anglais David Lean, portrait bouleversant d’une quadragénaire en mal d’amour interprétée par Katharine Hepburn. Les Poings dans les poches (1965) de Marco Bellocchio, gravure à l’eau-forte d’une putréfaction familiale et œuvre phare de la modernité italienne. La Grande vadrouille (1966) de Gérard Oury, œuvre canonique du tandem comique à la française. Mémoires du sous-développement (1968), du Cubain Thomas Guttierez Alea, chronique de la formation d’un couple d’origine sociale antagoniste à La Havane. Céline et Julie vont en bateau (1973), de Jacques Rivette, ou la course psychédélique de deux donzelles dans un Paris réenchanté. Jacques Mandelbaum

FIGURES DE LA MIGRATION : Festival international du documentaire de Marseille

Une année sur deux en moyenne, le FID, festival international du documentaire de Marseille, s’ouvre avec un film de fiction. Ce parti pris qui continue de surprendre est une manière de rendre manifeste la démarche de son directeur, Jean-Pierre Rehm, qui s’emploie depuis une quinzaine d’années à exploser les frontières de son objet pour proposer une vision du cinéma radicalement ouverte, ignorant les catégories réductrices, et si souvent inopérantes, que sont le documentaire et la fiction.

Alors qu’il a choisi d’organiser cette année une rétrospective des films du Coréen Hong Sang-soo, c’est Corniche Kennedy qui, le 12 juillet, au théâtre Sylvain, ouvrira le bal, adaptation par Dominique Cabrera d’un beau roman de Maylis de Kerangal (Folio, 2010) qui saisissait, dans les replis de la grande route littorale marseillaise, la pulsation intense d’une jeunesse assoiffée de liberté, ivre de désir. Ce film, qui promet d’offrir l’image d’une jeunesse métissée et conquérante, creuset d’histoires transfrontalières, d’héritages culturels venus de tous les coins du monde, fera à ce titre écho à tout un pan de la programmation, consacré aux migrants. Isabelle Regnier

FID, du 12 au 18 juillet à Marseille. www.fidmarseille.org

ÉLOGE DE LA CONSERVATION : « L’âge de glace : les lois de l’univers », de Mike Thurmeier et Galen T. Chu

L'Age de Glace : Les lois de l'univers - Bande annonce finale [Officielle] VF HD
Durée : 02:38

En direct de l’ère glaciaire. Une bande d’animaux, soumise aux pires avanies concoctées par Mère Nature, tente de survivre. Il y a là Manfred, alias Manny, mammouth placide et néanmoins sourcilleux, Diego tigre à dents de sabre un peu nerveux sur la détente, Sid le paresseux simplet et hurluberlu, et puis Scrat évidemment, l’écureuil sous acide, occupé à courir après un gland qui s’occupe quant à lui à perpétuellement s’échapper. Ce quatuor d’origine, que vous avez peut-être reconnu, est la formule canonique d’une des franchises d’animation les plus célèbres au monde, produite par la Twentieth Century Fox via le studio Blue Sky. Les quatre volets réalisés depuis 2002 ont rapporté 2,8 milliards de dollars dans le monde, et battent en France tous les records, avec vingt-quatre millions de spectateurs. Il s’agira dans ce cinquième volet de sauver la vie sur notre planète d’une pluie de météorites déclenchée par cet imbécile de Scrat, parti poursuivre son gland dans l’espace en soucoupe volante. Une inquiétude toujours plaisante à éprouver en famille. Jacques Mandelbaum

Film d’animation de Mike Thurmeier et Galen T. Chu. (1h30)