Le gouvernement congolais n’aura pas tardé à faire marche arrière après les révélations de l’ONG Greenpeace sur l’attribution illégale de trois concessions forestières à des opérateurs chinois en violation du moratoire décrété en 2002. Mercredi 13 juillet, le ministre de l’environnement Robert Bopolo a annoncé que « par précaution, nous allons annuler ces trois contrats illégaux qui sont nuls et de nul effet ».

Dans les archives du ministère de l’environnement, « il n’y a aucune trace des contrats attribuant trois concessions forestières à Somifor et Fodeco [les deux sociétés à capitaux chinois détentrices des titres]. Le Trésor public n’a rien encaissé dans cette transaction illégale », a indiqué le ministre, précisant qu’il avait décidé de les annuler afin « d’éviter que les détenteurs s’en prévalent ultérieurement ».

Dans un rapport publié mardi et intitulé « Comment la RDC a secrètement violé son propre moratoire sur l’attribution de nouvelles concessions forestières », l’organisation écologiste accuse l’ex-ministre de l’environnement Bienvenu Liyota Ndjoli d’avoir attribué ces trois concessions forestières les 13 et le 16 août 2015.

Lors d’un point de presse mardi à Kinshasa, une responsable de la campagne Forêt à Greenpeace Afrique avait fait savoir que l’ONG soupçonnait l’actuel ministre, Robert Bopolo, d’avoir « cautionné ces contrats illégaux », dans la perspective de la levée du moratoire.

Début mars, M. Bopolo avait déclaré que les autorités congolaises envisageaient de rouvrir le dossier de la fin du moratoire dans l’intérêt financier de la RDC, qui fait face à l’effondrement de ses recettes provenant de l’exportation des minerais.

Toutefois, M. Bopolo a précisé mercredi à l’AFP que « toutes les conditions ne sont pas encore réunies pour lever le moratoire ». La RDC abrite plus de 60 % des forêts denses du bassin du Congo, deuxième massif forestier tropical de la planète après l’Amazonie.

En 2002, la RDC avait adopté le Code forestier, et décrété un moratoire dans l’attribution de nouvelles licences d’exploitation forestière industrielle, en vue de mettre de l’ordre dans le secteur.

Un processus de révision de la légalité des contrats détenus par des exploitants forestiers avait été lancé en 2005 avec le concours de la Banque mondiale, et avait été clôturé en 2014, par la reconnaissance de quatre-vingts concessions.

En outre, la RDC doit bénéficier au cours des prochaines années d’un ambitieux programme de conservation financé à hauteur de 200 millions de dollars par le Cafi (Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale), qui regroupe plusieurs bailleurs bilatéraux dont la France et l’Union européenne. Nul que ces derniers aient peu goûter les révélations de Greenpeace.