Il y a quelques jours le président cubain, Raul Castro et son ministre de l’économie ont averti les Cubains qu’il fallait se préparer à des temps difficiles en raison d’un manque de liquidités et d’une moindre aide pétrolière de la part du Venezuela. | STRINGER / AFP

Le ministre cubain de l’économie, Marino Murillo, quitte ses fonctions pour prendre en charge une commission chargée de piloter des réformes en vue d’une transition vers une économie de marché, a annoncé mercredi 13 juillet le gouvernement cubain.

M. Murillo, qui occupait ce portefeuille depuis 2014, sera remplacé par Ricardo Cabrisas Ruiz, qui a été responsable des relations économiques internationales de l’île et de la restructuration récente de sa dette. Les deux hommes sont également vice-présidents.

  • Quel est l’objectif de cette double nomination ?

« Cette décision est liée à la nécessité pour Murillo (…) de concentrer ses efforts sur les tâches liées à la modernisation du modèle économique et social cubain », explique une annonce publiée dans les médias officiels.

Il y a quelques jours le président cubain, Raul Castro et M. Murillo ont averti les Cubains qu’il fallait se préparer à des temps difficiles en raison d’un manque de liquidités et d’une moindre aide pétrolière de la part du Venezuela, allié de Cuba.

La croissance moyenne de l’économie cubaine (2,8 % sur les cinq dernières années) «  ne répond pas à la dynamique de développement dont le pays a besoin  » et «  n’a pas d’impact significatif sur l’économie domestique  », avait récemment admis M. Murillo au congrès du PCC.

  • Où en est la « modernisation du modèle économique » évoqué par La Havane ?

Presque tout reste à faire pour moderniser l’économie, reconnaît Cuba. Des avancées ont certes été obtenues ces dernières années, mais cette libéralisation avance lentement. Fin 2010, le régime castriste avait autorisé les Cubains à exercer 201 métiers ou activités à leur propre compte. Le but était de dégraisser l’Etat, dont les ressources avaient fondu après la fin des subsides de l’Union soviétique. Cette réforme a permis de faire émerger un embryon d’économie marchande. Selon M. Murillo, le privé emploie 1,4 million de Cubains, contre 3,46 millions de fonctionnaires. Mais le secteur privé ne représente que 5 % du produit intérieur brut, les entreprises d’Etat se réservant les secteurs stratégiques, plus rentables.

  • Le pouvoir cubain est-il prêt à aller plus loin en matière de libéralisation de l’économie ?

Lors de son septième congrès, mi-avril, le Parti communiste de Cuba (PCC) n’a pas montré de signes d’ouverture vers le secteur privé. Raul Castro a rejeté « les formules néolibérales de privatisation du patrimoine de l’Etat  ». Le gouvernement entend toujours limiter l’extension du secteur « non étatique  », en interdisant la concentration de la propriété privée et l’accumulation de richesse. Le pays peine à attirer les investisseurs étrangers.