Le parquet de Paris a ouvert une enquête après des accusations portant sur des liens supposés troubles entre des policiers et des acteurs présumés de la fraude gigantesque à la taxe carbone, a-t-on appris jeudi 14 juillet de source judiciaire. Selon cette source, l’enquête préliminaire, ouverte pour « corruption », « trafic d’influence », « violation du secret de l’enquête et de l’instruction » et recel de ce délit, a été confiée à l’Inspection générale de la police nationale.

L’enquête a été déclenchée à la suite d’une plainte du 28 avril et de la publication d’articles du site d’informations Mediapart accusant des policiers d’entretenir « d’étonnants liens de proximité avec des figures de la mafia du CO2 ». La plainte évoquait notamment une possible « entente établie » entre auteurs présumés de la fraude à la taxe carbone et « des fonctionnaires exerçant dans les plus hautes sphères de la sécurité intérieure ».

Elle avait été déposée au lendemain de la publication de l’article intitulé « Mafia du CO2 : soupçons sur la police » par l’avocat Arié Alimi, qui défend le frère de Samy Souied, tué en 2010 Porte Maillot à Paris et considéré comme l’instigateur présumé d’une affaire liée à « l’escroquerie du siècle » sur le marché des quotas d’émissions de CO2 en 2008-2009. Le procès de ce dossier de fraude portant sur 283 millions d’euros de TVA éludés s’est tenu en mai à Paris.

« Tractations secrètes »

Le 27 avril, Mediapart faisait état notamment de « révélations d’informations confidentielles à des suspects », de « rencontres physiques » hors procédure, et d’éléments d’enquête connus « en temps réel par des réseaux délinquants ». Selon le site d’informations, « les interrogations sur des failles policières tournent, pour beaucoup, autour des affaires d’Arnaud Mimran ». Ce sulfureux homme d’affaires, proche du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, a été condamné le 7 juillet à huit ans d’emprisonnement et 1 million d’euros d’amende, dans le dossier de l’escroquerie à 283 millions d’euros.

Mardi, Mediapart a dévoilé des extraits d’enregistrements de discussions téléphoniques censées accréditer, selon le site, l’hypothèse de « tractations secrètes entre des membres de la mafia du CO2 et des réseaux policiers », au profit de Cyril Astruc, un acteur présumé de la fraude à la taxe carbone. M. Astruc a par ailleurs été relaxé le 5 juillet dans le procès de l’ancien numéro deux de la PJ de Lyon, Michel Neyret.

« La corruption policière au plus haut niveau de l’Etat est devenue endémique en France », a déclaré à l’AFP MAlimi, satisfait de l’ouverture d’une enquête. « Désormais, les investigations sur le décès de Samy Souied seront moins entravées », a-t-il estimé.