Si elle était officialisée, l’abdication d’Akihito serait la première depuis celle, en 1817, de l’empereur Kokaku (1771-1840), son ancêtre en ligne directe. | ? Thomas Peter / Reuters / REUTERS

L’empereur du Japon n’a pas l’intention d’abdiquer, a assuré, mercredi 13 juillet dans la soirée, le Palais impérial. Un peu plus tôt dans la journée, la chaîne de télévision publique NHK, ainsi que l’agence de presse Kyodo avaient indiqué qu’Akihito pourrait abdiquer d’ici quelques années. Agé de 82 ans, le souverain, monté sur le trône en 1989, aurait évoqué, selon des sources gouvernementales, la nécessité d’avoir sur le trône de l’archipel quelqu’un pouvant pleinement assumer « les devoirs liés à sa charge ».

« Ce n’est absolument pas vrai », a affirmé, tard dans la soirée de mercredi à des journalistes, le directeur adjoint de la maison impériale, Shinichiro Yamamoto. Selon les observateurs, une information aussi explosive n’aurait pu être donnée par la NHK et Kyodo sans une très bonne source. En mai, l’agence de la Maison impériale avait annoncé une diminution de l’activité du souverain.

Si elle était officialisée, il s’agirait de la première abdication depuis celle, en 1817, de l’empereur Kokaku (1771-1840), ancêtre en ligne directe d’Akihito. Le trône reviendrait au fils d’Akihito, le prince Naruhito, 56 ans, qui étudia à Oxford et est marié à la princesse Masako, une ancienne diplomate. Le couple a une fille, Aiko, de 14 ans.

L’abdication n’est pas prévue par la loi

La question a, en tout cas, très vite mobilisé l’ensemble des médias et de la classe politique. « Je pense qu’il faut modifier la législation encadrant le fonctionnement de la Maison impériale », s’est empressé de déclarer Tsutomu Sato, responsable des affaires parlementaires du Parti libéral démocrate, le PLD au pouvoir.

Cette législation ne prévoit pas le cas d’abdication. L’article 4 de ce texte mentionne simplement qu’« en cas de décès de l’empereur, l’héritier impérial doit immédiatement monter sur le trône ».

La proposition de révision est appuyée par l’ensemble des partis. Seul le Parti communiste est apparu réservé, son secrétaire général Akira Koike ayant rappelé que l’annonce de l’abdication n’était pas officielle.

Image de simplicité et de proximité

L’actuel souverain, le 125e de la lignée impériale nippone, fut le premier à épouser une roturière, Michiko Shoda, fille du président du géant de l’agroalimentaire Nisshin Seifun. Il a également construit une image de simplicité et de proximité avec la population et bénéficie d’une réelle popularité.

Vieillissant, il a réduit ses activités protocolaires, notamment les repas officiels avec les dirigeants étrangers en visite et les rencontres avec les responsables des autorités locales. En 2009 déjà, le couple impérial avait renoncé aux discours lors des visites de villes du Japon.

Akihito a souffert d’une grippe cet hiver. En 2012, il a subi un pontage coronarien, un an après avoir été soigné pour une pneumonie. En 2003, il avait été traité pour une tumeur à la prostate.

Projet de modification de la loi fondamentale

L’information sur l’abdication a été dévoilée trois jours après le large succès du camp du premier ministre Shinzo Abe aux élections sénatoriales du 10 juillet. Le jour même de cette victoire, renvoyant au second plan les difficultés de l’économie japonaise, M. Abe avait évoqué la révision de la Constitution pacifiste de 1947.

Selon un projet de nouvelle loi fondamentale rédigé en 2012 par son parti le PLD, le statut de l’empereur changerait. De simple « symbole de l’Etat et d l’unité du peuple », il redeviendrait « le chef de l’Etat ».

Malgré l’absence d’autorité politique de l’empereur, il semble qu’il n’approuve pas toujours les choix de M. Abe. Héritier d’Hirohito, dont le rôle dans la Seconde Guerre mondiale reste discuté, il a toujours manifesté son attachement à la paix et à la réconciliation avec les pays victimes du militarisme nippon, notamment la Chine et la Corée.

En 2015, il avait profité du 70e anniversaire de la fin du conflit pour exprimer ses « profonds remords » pour cette guerre. Le prince héritier Naruhito a lui rappelé son attachement à la Constitution et sa volonté de « fixer dans les esprits la précieuse valeur de la paix ».