Cristiano Ronaldo et l’équipe du Portugal le 10 juillet au Stade de France. | Kai Pfaffenbach / REUTERS

29,6 millions d’euros. C’est le montant total record des mises enregistrées sur la finale de l’Euro 2016 remportée par le Portugal aux dépens de la France, dimanche 10 juillet. C’est quasiment la même somme que celle engagée sur les 31 matchs de l’Euro 2012 : 31 millions d’euros.

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Quatre ans plus tard, l’Euro en France a généré un total de 297 millions d’euros de paris. Un autre record réparti entre les sites Internet des 12 opérateurs agréés par l’ARJEL, l’Autorité de régulation des jeux en ligne (141,2), et les 25 000 points de vente de la FDJ (155,8). « En 2012, un tiers des mises étaient des paris en ligne. Aujourd’hui, on constate que c’est quasiment du 50-50 », souligne Régis Juanico, membre de la Commission des finances et rapporteur spécial pour le budget des sports, de la jeunesse et de la vie associative. Même la Coupe du monde 2014 n’avait pas autant attiré les joueurs. « Seulement » 109 millions d’euros avaient été pariés sur l’ensemble de la compétition.

30 % des paris sur l’équipe de France

Pour Charles Coppolani, président de l’Arjel, plusieurs explications peuvent éclairer la croissance exponentielle des paris sportifs en ligne. Ouvert à la concurrence depuis 2010, le marché n’a évidemment pas atteint sa maturité : « En Espagne, en 2015, les paris sportifs en ligne ont généré 4 milliards d’euros de mise. Sur la même période en France, le montant s’établissait à 1,440 milliard d’euros », compare Charles Coppolani. Le président de l’Autorité de régulation avance également que les joueurs intègrent de plus en plus les paris à cotes fixes, auxquels ils n’étaient pas habitués avant 2010. Comme dans presque n’importe quel domaine, le développement des smartphones et des tablettes joue là aussi son rôle puisque « plus de la moitié des paris en ligne se font sur ces supports ».

De leur côté, les nouveaux opérateurs ont accru la concurrence et permis de dynamiser le marché. Des « bonus d’acquisition » ont été offerts afin de recruter plus de joueurs. 290 000 nouveaux comptes ont ainsi été créés sur la période de la compétition. « L’Euro a également bénéficié d’un effet de recyclage important, explique Charles Coppolani. Cette année, notamment en Ligue 1, les favoris ont beaucoup gagné et les parieurs ont pu remiser leurs gains. » En particulier sur l’équipe de France puisqu’elle comptabilise à elle seule 30 % des paris. La deuxième équipe qui a le plus suscité d’intérêt n’est autre que le Portugal, vainqueur du tournoi.

Cette forte augmentation des paris sportifs en ligne est-elle un problème pour l’Arjel dont une des missions est « la protection des consommateurs et population vulnérable » ? Non, répond Charles Coppolani, mais à une condition : « qu’ils jouent de façon modérée ». Sur l’Euro, 56 % des paris étaient des paris simples (victoire, nul ou défaite d’une équipe) dont la somme moyenne s’élève à 13,90 euros. En 2015, les joueurs en ligne ont perdu la somme de 270 millions d’euros. « Nous disons aux joueurs qu’ils doivent évaluer leur jeu par rapport à un questionnaire, l’indice canadien du jeu excessif» Pour Charles Coppolani, « le pari correspond à quelque chose de très présent dans notre société : le désir d’intensification. En pariant, le joueur a l’impression de davantage participer à l’événement»

100 millions d’euros pour l’Etat

Pour chaque mise sur un site de paris sportifs, l’Etat prélève 1,8 %. « Cette somme sert au financement du Centre national pour le développement du sport (CNDS), précise Régis Juanico. Mais elle est plafonnée. »

Pour le financement de l’Euro, un prélèvement exceptionnel de 0,3 % a été rajouté au prélèvement principal sur les jeux de grattage et de loterie, le portant ainsi à 2,1 %. Prévu jusqu’en 2017, Régis Juanico aimerait le voir prolonger et proposera un amendement en ce sens lors de l’évaluation du projet de loi finances prévu à l’automne. Avec Paris 2024 en ligne de mire. Pour 2016, les taxes pourraient rapporter 323 millions d’euros à l’Etat, dont 222,6 millions d’euros bénéficieraient au CNDS. Mais pour Régis Juanico : « Les paris sportifs ont augmenté de 30 % en 2015, c’est le moment de déplafonner pour permettre au CNDS de toucher plus d’argent»