Stand Nest lors de la conférence de Google, au Shoreline Amphitheatre en mai, à Mountain View (Californie). | JUSTIN SULLIVAN / AFP

Est-ce le signe du renouveau chez Nest ? Le fabricant américain d’objets connectés pour la maison (thermostat, détecteur de fumée, caméra) a annoncé, jeudi 14 juillet, l’arrivée d’un nouveau produit dans sa gamme : la Nest Cam Outdoor, qui sera commercialisée en France d’ici la fin de l’année. Cette caméra de surveillance intelligente, dont la vocation est d’être installée à l’extérieur de la maison, permettra à ses utilisateurs de garder un œil à tout moment sur les abords de leur perron ou de leur jardin grâce à leur smartphone.

Cette annonce arrive à point nommé pour la marque, dont le management a été sous le feu des critiques ces derniers mois. Les détracteurs du fabricant américain lui reprochaient notamment de tarder à sortir de nouveaux produits. Le catalogue de la société, qui comptait seulement trois références jusqu’au lancement de sa nouvelle caméra, demeure en effet assez mince.

Mais ce choix est assumé, assure Lionel Paillet, directeur général de Nest en Europe :

« Nous ne sommes pas obsédés par le nombre de produits que nous lançons. Nous voulons surtout que nos appareils soient parfaits, tant au niveau de la simplicité d’utilisation que de leur design, pour que l’expérience soit vraiment remarquable. »

Accélérer la croissance de l’entreprise

Depuis son arrivée dans le giron du groupe Alphabet (Google), qui a racheté la start-up en 2014 pour 3,2 milliards de dollars (2,8 milliards d’euros), le fabricant d’objets connectés semblait quelque peu assoupi. « L’acquisition par Google, puis le rachat par Nest de Dropcam, ont donné lieu à des tensions en interne, qui ont abouti à un manque d’attention sur la création de nouvelles catégories de produits, analyse Jan Dawson, chez Jackdaw Research. Nest s’est plutôt concentré sur le renouvellement de ses produits existants, ce qui lui a probablement fait rater ses objectifs financiers. »

Début juin, ces frictions internes avaient conduit au départ du cofondateur et patron de la société, Tony Fadell, et à l’arrivée de Marwan Fawaz, un ancien de Motorola, à la tête de l’entreprise. « Nest va bien. Marwan nous a rejoints pour accélérer le développement de la société sur les bases que Tony Fadell et Matt Rogers [l’autre cofondateur de Nest] ont mises en place. Je n’ai pas d’inquiétude : la feuille de route est définie, nous savons ce que nous voulons faire et où nous allons », assure M. Paillet.

La direction de Nest reste cependant très discrète sur les résultats de l’entreprise, précisant seulement que les produits de la marque équipent aujourd’hui des « millions de maisons dans le monde », selon M. Paillet, et que la société enregistre une croissance supérieure à 50 % sur le Vieux Continent depuis plusieurs années.

Un marché encore naissant

Si la société opère indépendamment de sa maison mère Alphabet, le changement de direction sonne toutefois comme un sérieux avertissement. « La relation s’est un peu tendue et il est possible qu’il y ait désormais plus de pression financière de la part du management d’Alphabet », note M. Dawson. Nest, à l’instar de ses concurrents, est également confronté à une difficulté majeure : le décollage encore timide de ce nouveau marché de la maison connectée.

Nest multiplie les partenariats avec les assureurs ou les énergéticiens, pour qu’ils proposent à leurs clients des contrats incluant ses produits.

Pour développer ses ventes, l’américain mise notamment sur le développement de son programme « Work with Nest ». Ce dernier permet aux développeurs de créer des produits compatibles avec ceux de Nest. « Concrètement, cela permet de créer des interactions entre les produits : par exemple, si notre détecteur de fumée détecte de la fumée, il peut faire clignoter la lumière d’une ampoule en rouge pour avertir une personne malentendante du risque », explique Lionel Guicherd-Callin, responsable marketing Europe chez Nest. A ce jour, plus d’une centaine de produits d’autres marques sont compatibles avec ceux de Nest, comme les ampoules Hue de Philips ou les alarmes de Myfox.

En parallèle, le fabricant de produits connectés multiplie également les partenariats avec les assureurs ou les énergéticiens, pour qu’ils proposent à leurs clients des contrats incluant des produits Nest. « Nest a évolué d’une stratégie essentiellement fondée sur la vente dans les commerces à une stratégie incluant également des partenariats avec des fournisseurs d’énergie ou d’assurance. Cette approche lui permet d’élargir sa base d’utilisateurs », explique Fernando Elizalde, chez Gartner. En France, son partenariat avec Allianz lui avait ainsi permis d’écouler plusieurs milliers de détecteurs de fumée lors de la mise en application de la loi Morange en 2015, qui rendait l’installation de ces appareils obligatoire dans les logements.