Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, le 23 septembre 2015 à Paris. | JACKY NAEGELEN / REUTERS

Dans les heures qui ont suivi l’attentat perpétré à Nice qui a fait 84 morts, jeudi 14 juillet, l’opposition a aussitôt lancé des appels à la « fermeté ». Tout en formulant dans un second temps critiques et reproches envers le gouvernement.

Dans une déclaration écrite, le président du parti Les Républicains, Nicolas Sarkozy, a jugé « indispensable de prolonger l’état d’urgence » – une mesure annoncée quelques heures plus tôt par François Hollande. « Nous sommes dans une guerre qui va durer, avec une menace qui se renouvelle sans cesse, a complété l’ancien chef de l’Etat. L’adaptation et le renforcement en permanence de notre dispositif de lutte contre le terrorisme islamiste restent une priorité absolue. (…) Plus rien ne peut être comme avant. »

Alain Juppé, candidat à la primaire de la droite et du centre pour la présidentielle de 2017, a pour sa part affirmé sur RTL que « si tous les moyens avaient été pris, le drame n’aurait pas eu lieu ». Dans un communiqué, le maire de Bordeaux souligne que « la tragédie de Nice intervient quelques jours après la remise du rapport de la commission parlementaire dirigée par Georges Fenech dont j’ai salué la qualité ».

Dans ce rapport, la commission préconise notamment la refonte des services de renseignement et des unités d’intervention, ainsi que le durcissement de l’arsenal juridique pour les personnes condamnées pour terrorisme. « On a un exécutif qui s’arc-boute sur des certitudes qui n’en sont pas, qui ne veut pas regarder une autre réalité en face », fustige Georges Fenech, député Les Républicains.

Alain Juppé, candidat à la primaire, a estimé que « si tous les moyens avaient été pris, le drame n’aurait pas eu lieu »

Pour protéger les Français, il faut, selon M. Juppé, « augmenter la présence des forces de l’ordre sur le terrain en mobilisant les réserves », estimant que « cela fait des mois et des mois que nous demandons le déploiement des réserves opérationnelles » de l’armée. Le président de la République, François Hollande, a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi le recours à des citoyens réservistes pour seconder les policiers et les gendarmes, notamment dans le « contrôle aux frontières ».

« Le prolongement de l’Etat d’urgence, l’appel à la réserve nationale et le maintien de l’opération Sentinelle que l’on vient d’annoncer sont des mesures de communication qui ne changent pas la donne », juge l’ancien président de l’UMP Jean-François Copé, qui poursuit dans son communiqué :

« S’il a mis en œuvre quelques mesures nécessaires, il n’a absolument pas pris la mesure de l’ampleur de la menace. Il n’a pas tout fait, et ne fait toujours pas tout ce qu’il faudrait pour gagner la guerre contre le terrorisme islamiste. »

L’ancien maire de Nice Christian Estrosi a réclamé, vendredi matin sur France Inter, un « sursaut » de l’Etat dans la lutte contre le terrorisme. | VALERY HACHE / AFP

Une accusation également formulée par l’ancien maire de Nice Christian Estrosi. Le président (LR) de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et député des Alpes-Maritimes a réclamé, vendredi matin sur France Inter, un « sursaut » de l’Etat dans la lutte contre le terrorisme, reprochant à François Hollande d’avoir évoqué jeudi la levée de l’état d’urgence quelques heures avant de le prolonger de trois mois après l’attentat de Nice. « Tout ça me paraît bien désordonné », a jugé M. Estrosi.

Le constat est partagé par l’ex-premier ministre François Fillon : « Force est de constater que nous n’avons pas les moyens d’assurer la sécurité des grands rassemblements, partout et tout le temps », indique le député (LR, Paris), qui complète : « Pour combattre l’EI sur le terrain au Moyen-Orient, nous devons utiliser tous les moyens militaires, y compris ceux de nos alliés. Je réclame depuis longtemps que les Russes soient associés à la coalition. C’est aujourd’hui une nécessité absolue. »

Geoffroy Didier, candidat à la primaire à droite, a quant à lui décidé de suspendre sa campagne, annulant ses déplacements le temps du deuil national.

Certains politiques n’ont pas hésité à verser dans la surenchère. Le carnage aurait pu être évité, à en croire le député (Les Républicains) Henri Guaino. « On doit pouvoir stopper un camion qui ne répond pas aux sommations. (…) Il suffit de mettre à l’entrée de la promenade des Anglais un militaire avec un lance-roquettes et il arrêtera le camion », a-t-il préconisé sur RTL.

Le député (LR) des Yvelines, Jacques Myard, a quant à lui prôné, parmi huit propositions, « d’expulser tous les binationaux en voie de radicalisation » et « d’appliquer partout sur le territoire national l’interdiction du voile ». Il recommande également de « renouer des relations diplomatiques avec Damas pour obtenir des renseignements » dans la lutte contre l’organisation Etat islamique, implantée en Syrie et en Irak.