Mark Carney, le gouverneur de la banque centrale d’Angleterre, le 5 juillet à Londres. | DYLAN MARTINEZ / AFP

La Banque d’Angleterre joue la carte de la stabilité. Mercredi 13 juillet, l’institution chargée de la politique monétaire du Royaume-Uni a décidé de laisser son taux d’intérêt directeur inchangé. Depuis mars 2009, celui-ci s’élève à 0,5 %. Au cours de l’histoire plus que tricentenaire de la banque, il n’a jamais atteint un niveau aussi faible. Pourtant, trois semaines après le séisme provoqué par le référendum, certains analystes de la City s’attendaient à une nouvelle baisse historique.

L’intronisation de Theresa May à la tête de l’exécutif britannique a, semble-t-il, tranquillisé la City

Au début du mois, en pleine tempête sur les marchés, Mark Carney avait, en effet, déclaré qu’un « assouplissement monétaire devrait être nécessaire cet été ». Le gouverneur de la Banque d’Angleterre avait également annoncé un assouplissement des règles bancaires pour éviter un tarissement des crédits. A ce moment-là, l’arrivée d’un nouveau premier ministre au 10 Downing Street n’était pas programmée avant le 9 septembre et, à la City, la fébrilité commençait à gagner du terrain.

Un affaiblissement « à court terme »

Cette semaine, l’atmosphère s’est apaisée. L’intronisation de Theresa May à la tête de l’exécutif britannique a, semble-t-il, tranquillisé les marchés et la Banque d’Angleterre. Le compte rendu de la dernière réunion du comité chargé de la politique monétaire de la banque, qui s’est tenue mercredi, indique que les membres du comité ont voté à huit voix contre une en faveur du maintien du taux directeur à 0,5 %. Le programme de rachat d’actifs reste également inchangé.

Si l’heure de l’assouplissement monétaire n’a pas encore sonné à Threadneedle Street, l’économie britannique est entrée dans une phase difficile, a confirmé l’institution dans un rapport publié jeudi 14 juillet. Le résultat du référendum a affecté la confiance des ménages et des entreprises dans l’avenir. Il a aussi provoqué un ralentissement du marché de l’immobilier. « L’activité économique va s’affaiblir à court terme », a prévenu le comité de politique monétaire de la banque, qui se dit prêt à « prendre toutes les mesures pour soutenir la croissance et faire remonter l’inflation à sa cible à un horizon approprié [de 2 %] ».

Les minutes de la réunion indiquent que la majorité des membres du comité se préparent à activer les leviers de politique monétaire dont ils disposent le 4 août. Mais de nombreux analystes estiment qu’il n’y a aucune garantie qu’une baisse du taux directeur sera votée cet été. « Une baisse est possible mais, pour l’instant, la Banque d’Angleterre ne dispose pas de suffisamment de recul sur l’impact du référendum sur l’économie et le taux d’intérêt est déjà très faible », analyse Ana Thaker de PhillipCapital UK. « Nous ne saurons pas avant l’automne comment se comporte l’économie », a commenté de son côté Andrew Sentance, conseiller économique chez PWC et ex-membre du comité de politique monétaire de la banque.

« Un budget à l’automne »

Le remplacement de George Osborne par Philip Hammond à la tête du ministère des finances constitue également une nouvelle donne pour la Banque d’Angleterre. Jeudi matin, le nouveau chancelier de l’Echiquier de Theresa May a confirmé qu’il ne prendrait pas de mesures budgétaires exceptionnelles du fait de la victoire du Brexit, en dépit de la menace brandie par son prédécesseur pendant la campagne :

« Cet été, nous allons surveiller de près la situation et il y aura un budget à l’automne, comme à l’accoutumée. »

Le successeur de George Osborne au 11 Downing Street est déterminé à restaurer le calme et la stabilité au sommet du pouvoir. M. Hammond se prépare également à tourner la page de l’austérité budgétaire. L’économie britannique est entrée « dans une nouvelle phase », a-t-il reconnu. « Bien sûr, nous allons poursuivre la réduction des déficits, mais les questions de méthodologie, de calendrier et de rythme seront abordées à la lumière des nouvelles circonstances économiques », a-t-il admis jeudi matin au cours d’une interview sur la BBC. Autrement dit, les nouvelles bases de la politique économique du Royaume-Uni ne sont pas encore fixées.

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