« Soyons clairs : nous avons changé d’époque », prévient Manuel Valls dans le Journal du dimanche. | Thibault Camus / AP

Dans un entretien accordé au Journal du dimanche daté du 17 juillet, Manuel Valls prévient que « la menace terroriste est désormais une question centrale, durable » et que « d’autres vies seront fauchées ». Le premier ministre ajoute qu’ « on pourrait refuser de voir la réalité en face, oublier, passer à autre chose, mais je dois la vérité aux Français : le terrorisme fait partie de notre quotidien pour longtemps ».

Face à cette menace, Manuel Valls regrette ce qu’il perçoit comme une surenchère sur la question sécuritaire. « Je vois bien, aussi, dans l’escalade des propositions, monter la tentation de remettre en cause l’Etat de droit », dit-il. « L’autorité est pour moi une valeur essentielle. Mais remettre en cause l’Etat de droit, remettre en cause nos valeurs serait le plus grand renoncement », s’inquiète le premier ministre.

Le chef du gouvernement fait notamment allusion aux propositions polémiques de Donald Trump, le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine qui préconise un strict contrôle des musulmans voulant entrer aux Etats-Unis. « La réponse à l’État islamique ne peut pas être la trumpisation des esprits », prévient-il.

« Le risque zéro n’existe pas »

A propos de l’attentat de Nice, Manuel Valls confirme les propos de Bernard Cazeneuve qui a évoqué une « radicalisation rapide » de Mohamed Lahouaiej Bouhlel. Il nie par ailleurs toute « divergence » avec son ministre de l’intérieur sur le caractère jihadiste de l’attaque. A l’inverse de Bernard Cazeneuve, le premier ministre avait rapidement parlé d’un islamiste radicalisé.

Au coeur d’une polémique sur les moyens mis à disposition pour sécuriser la ville de Nice, l’ancien ministre de l’intérieur se défend : « Certains politiques irresponsables disent que cet attentat était évitable. Mais le risque zéro n’existe pas. Dire le contraire, c’est mentir aux Français. »

Il rappelle que « les services de l’Etat et la ville de Nice avaient préparé ensemble ce 14-Juillet, comme ils avaient préparé le carnaval ou l’Euro », faisant référence aux critiques de Christian Estrosi, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur : « Si Christian Estrosi, ancien maire de Nice, avait le moindre doute, il pouvait demander l’annulation du feu d’artifice. Il ne l’a pas fait. Il y a une différence nette entre la dignité d’Anne Hidalgo après les attentats de janvier et de novembre et l’attitude de Christian Estrosi. »

Christian Estrosi : « Comment ce véhicule a-t-il pu pénétrer sur la promenade des Anglais ? »
Durée : 02:40