Des policiers à vélo, comme on en croise aux abords de la Quicken Loans Arena de Cleveland, dimanche 17 juillet 2016. | JUSTIN SULLIVAN / AFP

La ville de Cleveland, dans l’Ohio, accueille la convention du Parti républicain. Elle se tiendra de lundi 18 juillet et jusqu’au 21 juillet, à la Quicken Loans Arena, où l’équipe de NBA des Cavaliers de Cleveland joue ses matchs.

Elle va se dérouler dans une ambiance où la moindre étincelle pourrait faire déraper le bon déroulement de l’investiture de Donald Trump par le Parti républicain en vue de la présidentielle de novembre.

Le meurtre de trois policiers à Bâton-Rouge en toile de fond

Le meurtre de trois policiers, dimanche, à Bâton-Rouge, en Louisiane, où Alton Sterling, un Noir de 37 ans, a été tué par deux policiers blancs au début de juillet, a encore contribué à accroître les tensions, déjà vives après les récents attentats d’Orlando, de Nice.

Sa mort et celle d’un autre Noir, tué par un policier dans la banlieue de Minneapolis, dans le Minnesota, au cours d’un contrôle routier, a soulevé une vague d’indignation aux Etats-Unis et des manifestations ont été organisées dans plusieurs villes pour dénoncer les violences policières. Le 8 juillet, un tireur a tué par balles à Dallas, au Texas, cinq agents de police en marge de l’une de ces manifestations, avant d’être abattu à son tour.

Tensions raciales exacerbées

La majorité des Américains pense que les relations interraciales se dégradent aux Etats-Unis, selon une enquête commandée par le Washington Post-ABC News à la suite de ces fusillades meurtrières. L’enquête indique que 63 % des Américains pensent que les relations interraciales sont « généralement mauvaises ». Au printemps, ils n’étaient que 48 % dans ce cas, selon un sondage du centre de recherche Pew Research.

Une écrasante majorité d’Américains (83 %) estime même que le prochain président des Etats-Unis, élu en novembre, doit avoir comme priorité « majeure » l’amélioration des relations entre les races, toujours selon ce sondage.

A Cleveland, des stands improvisés dans les quartiers pauvres de la ville où se vendent des tee-shirts sur lesquels sont inscrits les slogans « Black Lives Matter » (« Les vies noires comptent ») et « Hands up Don’t Shoot » (« Les mains en l’air, ne tirez pas »), soulignent ces tensions persistantes.

Ville quadrillée par la police

L’immense complexe omnisports où se déroule la convention dans le centre de Cleveland, le Quicken Loans Arena, a ces derniers jours été complètement isolé derrière des grilles de 2,50 mètres de haut, tout comme le centre de presse, où sont attendus quelque 15 000 journalistes. Des camions chasse-neige et des blocs de béton en protègent les accès. Certaines rues ont été fermées et les forces de l’ordre y sont omniprésentes. Du ciel de cette ville de 400 000 habitants, des hélicoptères participent aussi à la surveillance.

La ville est un ballet incessant de voitures des différentes forces de police mobilisées : police de Cleveland, de la route, police de l’Etat, Secret Service, jusqu’à quelques Humvee de l’armée que l’on croise en contrebas de la Quicken Loans Arena, le long de Canal Road, qui longe la rivière Cuyahoga qui se jette dans le lac Erié.

Seuls peuvent entrer au Quicken Loans Arena les personnes accréditées, notamment les près de 5 000 délégués et suppléants, les invités républicains et la presse. A condition de ne pas apporter avec eux des armes à feu, des couteaux, de la nourriture, des parapluies, des balles de tennis, des gros sacs à dos et des masques à gaz.

Premières manifestations

La liberté de mouvement des manifestants a été négociée pendant des mois avec les autorités locales, qui entendent les canaliser en quelques lieux bien définis.

De manifestations ont eu lieu : une première consistant à « encercler la ville de Cleveland avec de l’amour » (« Circle the City with Love »), orchestrée par des organisations religieuses, a dénoncé la violence aux Etats-Unis, mais aussi à Nice. Une autre contre le racisme, l’islamophobie, les attaques contre les immigrés et les minorités sexuelles a rassemblé sans incidents une centaine de personnes dans l’après-midi.

Manifestation contre la convention républicaine à Cleveland, le 17 juillet 2016. | ADREES LATIF / REUTERS

Les porteurs d’armes – le port d’arme est autorisé dans l’Ohio – ont également été appelés à manifester, pour défendre ce droit : mais seul un homme s’est présenté.

Le maire de Cleveland, Frank Jackson, et le chef de la police, Calvin Williams, ont affirmé qu’ils respecteraient la loi de l’Ohio autorisant le port d’arme de manière visible, en dépit du risque d’avoir des militants armés aux abords du site de la convention.

MM. Jackson et Williams ont reconnu que ce port d’arme dans les espaces publics près de la convention compliquait le dispositif de sécurité dans la ville, mais que cette dernière était prête. M. Williams a affirmé que des ajustements avaient été opérés dans le dispositif prévu, après la tuerie de Dallas.