Trois jours après le coup d’Etat manqué, Ankara continue de faire le ménage lundi 18 juillet et d’arrêter des militaires qu’elle soupçonne d’avoir participé à la tentative de putsch. La situation en Turquie sucite de nombreuses réactions, et les Etats-Unis et l’Union européenne ont fait part de leur crainte de la dérive autoritaire du pouvoir.

  • Nouveaux coups de filet dans l’armée

Des membres des forces spéciales devant l’académie de l’armée de l’air d’Istanbul, le 18 juillet. | HUSEYIN ALDEMIR / REUTERS

Des unités de la police antiterroriste ont effectué lundi matin tôt une descente à la prestigieuse académie de l’armée de l’air d’Istanbul à la recherche de factieux, a annoncé l’agence de presse gouvernementale Anatolie. Au total, quelque 6 000 militaires ont déjà été placés en garde à vue, dont 103 généraux et amiraux. Ces officiers supérieurs, qui proviennent de tous les corps et des quatre coins du pays, sont soupçonnés d’avoir pris part au putsch.

Près de 3 000 mandats d’arrêt ont aussi été délivrés à l’encontre de juges et de procureurs.

Par ailleurs, environ 1 800 membres des forces spéciales de la police ont commencé à être déployés dans la nuit de dimanche à lundi à Istanbul afin de sécuriser les points sensibles de cette mégalopole, a rapporté Anatolie.

Turquie : près de 6 000 arrestations après le coup d’Etat manqué
Durée : 01:30

  • Rassemblements à Istanbul et Ankara en soutien à Erdogan

Rassemblement pro-Erdogan à Istanbul, le 17 juillet. | HUSEYIN ALDEMIR / REUTERS

Plusieurs milliers de personnes se sont à nouveau rassemblées dans la nuit sur la place Taksim, à Istanbul, ainsi que sur la place Kizilay, à Ankara, pour apporter leur soutien au président Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier a renouvelé son appel à descendre dans la rue malgré la déroute des putschistes.

  • Inquiétude de la communauté internationale

Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, et la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, à Bruxelles le 18 juillet. | POOL / REUTERS

La communauté internationale regarde la situation en Turquie avec inquiétude. Le président américain, Barack Obama, a rappelé « le besoin vital » que toutes les parties concernées « agissent dans le cadre de l’Etat de droit ». Le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, a souligné que le coup d’Etat avorté n’était pas un « chèque en blanc » au président Erdogan pour procéder à des « purges ».

Federica Mogherini, qui dirige la diplomatie européenne, a, elle, souligné que le respect « de l’Etat de droit et de la démocratie étaient (...) le meilleur moyen d’affronter les difficultés que vit la Turquie ». Les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne sont réunis lundi à Bruxelles. Ils doivent adopter une position commune sur la situation en Turquie en présence du secrétaire d’Etat américain, John Kerry.